Le gland, le chêne et le baptême

Tout petit Côme, tes parents me l’ont demandé : je vais être ton parrain. Quand ils m’ont téléphoné, je m’occupais de petits chênes que j’ai plantés. Alors d’emblée ton baptême m’a parlé.

Le gland est fruit d’une lignée de chênes qui ont livré leur force. Le gland tombe à l’automne, petit mais costaud, concentré d’énergie, carburant propulseur… Au contact de l’humidité et du terreau, un germe sort et se faufile pour prendre racine. Plus tard, un frêle tronc pointera vers le ciel printanier. Le chêne, aussi puissant sera-t-il, ne pourra plus oublier la sève originelle du gland qui irrigue ses veines à jamais.

Tu vois, Côme, ton baptême sera tout simple. Rien de grandiose, rien que du concentré : un petit grain donné par ton Dieu. Des racines et des ailes.

Plusieurs dangers guettent le petit chêne. Une terre pauvre, d’abord. Avec tes parents, je suis rassuré. La transplantation, ensuite : uniquement l’hiver quand le plant est au repos, avec une grosse motte de terre (les capteurs de nourriture aux extrémités des racines sont très fragiles chez le chêne), et à condition d’être réinstallé dans une bonne terre…

Côme, tu verras plus tard, il y a des adolescents élevés dans la foi qui croient pouvoir d’un coup « s’arracher » du terreau, abandonner les sacrements, étudier au loin sans appuis solides. « Avec ce que j’ai reçu, ça suffira », pensent-ils… Erreur de débutants ! La transplantation d’été, en pleine chaleur, sans eau ni ombre, c’est la catastrophe.

Tout petit Côme, je te montrerai des chênes qui ont traversé les siècles, qui sont puissants et beaux, qui ont donné et donnent encore. Et surtout, donnent envie.

Bertrand LETHU

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