La vie monastique est exigeante, avec un lever tôt, par exemple. Mais alors, peut-on devenir religieuse si l’on a une santé fragile ou un handicap ? Oui, comme le propose, par exemple, une communauté bénédictine en Seine-et-Marne. Témoignage de l’une des moniales, Sœur Mathilde.
« Ma rencontre avec la Congrégation des Bénédictines de Jésus Crucifié (à Brou-sur-Chantereine en Seine-et-Marne) est le fruit de la prière. En effet, comme la plupart de mes sœurs, j’avais commencé ailleurs ma vie religieuse, à un endroit où mon désir de vie bénédictine n’a fait que croître, en même temps que mon état de santé se détériorait, signe que ma place n’était sans doute pas là. Je ne pouvais plus tenir mais quel chemin prendre ? Retourner dans le monde ?… Mais l’appel continuait à retentir dans mon cœur ! Je me sentais dans une impasse.
C’est par une sœur des Bénédictines de Sainte-Bathilde (congrégation dont nous nous rapprochons en vue d’une fusion dans les années à venir) que j’ai entendu parler de Brou et que s’est ouvert une porte. Venue pour un temps de repos et formidablement accueillie, je me suis vite sentie bien ici, prenant en même temps conscience à quel point je me forçais dans mon ancienne Congrégation.
Ici, je voyais des sœurs heureuses, vivant à plein leur vocation quel que soit leur état de santé, chacune donnant au maximum de ses possibilités mais connaissant ses limites et les intégrant, chacune partie prenante de la vie communautaire, celle-ci étant organisée pour (pas d’infirmerie à part, sonorisation des lieux de vie si certaines sœurs sont alitées, matériel et lieu de vie adaptés…). Je découvrais une vie fraternelle d’entraide joyeuse pour répondre à l’appel de Dieu, dans toutes les dimensions de ce que l’on est.
J’ai réalisé qu’il y avait un lieu pour moi où je pourrais vivre ma vocation sans forcer ce que j’étais : chemin d’acceptation de ce que je suis sous le regard de Dieu et dans sa volonté, avec mes qualités, mes faiblesses et mes limites aussi bien humaines que physiques, chemin de don et de joie, chemin d’amour et de vie au côté de mes sœurs, à la suite du Seigneur !
J’ai demandé à y planter mes racines et je n’ai jamais regretté ma décision, source de paix, de liberté et de joie que ne font que croître depuis. » Sœur Mathilde
Qui sont les bénédictines de Jésus Crucifié ?
« Nous avons été fondées en 1930 et sommes arrivées à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne) dès 1933. Nos fondateurs voulaient offrir une possibilité de vie monastique à des jeunes femmes atteintes dans leur santé. Dans notre communauté, il y a toute sorte de limites dues à la santé, toute sorte de maladie ou de handicap physique qui sont pris en compte. Nous évitons de trop en parler entre nous, car c’est pour servir le Seigneur que nous sommes venues au monastère, et nous aimons mieux vivre dans la joie.
Notre vie bénédictine s’articule autour des temps de prière communautaire (office des lectures, laudes, messe, vêpres, complies ou vigiles ) qui sont comme des piliers sur lesquels s’appuie la prière, aussi continuelle que possible, de chacune. Nous aimons vivre dans l’enceinte du monastère pour garder le recueillement. Nous accueillons beaucoup de personnes qui viennent se recueillir près de la communauté, des scouts qui campent dans le parc, des bénévoles, mais nous n’avons pas d’œuvre apostolique.
Par rapport aux autres bénédictines, avec lesquelles nous sommes souvent en contact, nous ne vivons pas l’ascèse (les efforts) de la même manière, mais à travers une vie fraternelle plus proche, avec plus d’entraide. Bientôt, nous ferons partie de la congrégation des bénédictines de Sainte-Bathilde qui compte des monastères en France, au Bénin, à Madagascar, au Vietnam et une fondation en Éthiopie.
Nous sommes très centrées sur le Vendredi-Saint et sur Pâques, et nous vivons chaque fin de semaine comme les trois derniers jours de la Semaine Sainte (le « triduum ») : le jeudi soir, l’heure de veille auprès de Jésus au jardin des oliviers nous rassemble, le vendredi est une journée toute tournée vers la Croix avec plus de temps de silence, et le samedi soir, nous célébrons des vigiles de la résurrection. La Croix peut effrayer, mais c’est elle aussi qui nous permet d’unifier notre personne en faisant du défaut de santé un chemin pour aller à Dieu, lui répondre, selon sa volonté. Ainsi peut-on comprendre notre devise : « Amen, Alleluia ! »
Plus d’infos :
Site Internet des Soeurs bénédictines de Jésus Crucifié