Les Noces de Cana

Les Noces de Cana

A Cana, ville de Galilée, Jésus accompagné de ses disciples et de sa mère, participe à une noce. Comme le vin manquait, Jésus, à l’insu des invités et des mariés, fait remplir d’eau des jarres, et cette eau devient du très bon vin, en grande quantité. Il s’agit là du premier « signe » ou « œuvre » (ce sont les noms donnés par Jean aux miracles) de Jésus.

 

Les Noces de Cana
Les Noces de Cana

 

Les Noces de cana : le sens du texte

Que signifie cette noce de Cana où Jésus semble se plier à la demande de sa mère, d’autant que l’obéissance à ce geste, dans un autre contexte, est loin d’être digne, puisqu’elle risque de conduire les invités à l’ivresse ?
A travers une action chargée de symbolisme, la manifestation divine qui se déploie, va emporter l’adhésion des derniers récalcitrants campés derrière leurs doutes : le miracle de Cana s’achève par l’adhésion des disciples qui « crurent en lui ».
Ici à Cana, Jésus n’enseigne pas par des paroles, il agit. Il manifeste la puissance divine. Toute la force de cet épisode réside dans le geste, accompagné de peu de mots.
L’épisode de Cana est un moment festif au cours duquel Jésus transforme beaucoup d’eau en vin. Il s’agit bien d’une noce, au cours de laquelle se déploie un événement important de manifestation divine, comme au Baptême ou à la Transfiguration.
Derrière l’aspect matériel du vin et de l’eau, c’est tout un essentiel qui est présenté. Tout d’abord, nous observons la réaction de Jésus face à la demande de sa mère qui, humainement parlant, en fait un peu trop. En effet, elle le pousse à se montrer là où il semble qu’il ne voulait pas aller, en tout cas pas si tôt.
Moïse, afin de convaincre Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël, avait changé l’eau du Nil en sang (Ex 7,14-25). Jésus est présenté ici comme un nouveau Moïse.
Un autre aspect du vin qui mérite d’être abordé est celui de la fête. En effet il ne peut y avoir de réjouissances sans le vin…
Dans l’Ancien Testament, particulièrement chez les prophètes, on trouve le vin lors du festin messianique (« Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vin dépouillés ») ou dans des descriptions eschatologiques (« Ce jour-là, les montagnes dégoutteront de vin nouveau » ; « Les montagnes suinteront de jus de raisin, toutes les collines deviendront liquides. ».
Quelle est donc la portée de ce vin qui coule à flot pour marquer la fête, la joie et que l’on sert autant pour les mariages que pour des retrouvailles longuement attendues ?
L’abondance dans les textes bibliques rappelle le don de Dieu. Toute abondance trouve sa source dans le don que Dieu fait aux hommes.
A travers un geste qui semble bien banal, c’est le Christ qui se manifeste en tant que Fils de Dieu. Ce premier signe de Jésus réunit deux substances distinctes en une seule pour donner lieu à un miracle : l’eau transformée en vin. Ce signe placé au début de la vie du Christ évoque déjà l’ultime mystère de Jésus Christ au cours du dernier repas avant sa crucifixion où il transforme le vin en sang.
Miracle parallèle à celui de la multiplication des pains, il préfigure l’Eucharistie et toute une série d’évènements qui conduisent vers la reconnaissance de Jésus Christ comme Fils de Dieu.

 

Les Noces de Cana : les personnages principaux

 

Jésus Christ

Au cours de son périple à travers la Galilée et la Judée, Jésus est invité à des noces à Cana de Galilée, le troisième jour après la promesse qu’il a faite à Nathanaël, disciple originaire de Cana, de voir de grandes choses s’il se met à sa suite…
Cette fête à Cana inaugure ce que l’on appelle « la vie publique de Jésus ». Au-delà de l’histoire d’un jour, Jean invite à comprendre la vie de chaque jour comme les épousailles entre Dieu et l’humanité.

 

Marie, la mère de Jésus

Invitée, elle agit comme si elle se sentait concernée par la désorganisation du repas de noces. Pour cela, elle incite son fils à agir, sachant au fond d’elle-même qu’il peut intervenir, mais à un moment qui n’est pas encore celui que Dieu a choisi pour manifester le Christ comme Dieu sauveur.
Jésus exprime la différence qui existe entre lui, le Fils de Dieu et Marie. Certes, elle est sa mère, mais elle n’a pas d’ordres à donner au Seigneur ni à s’immiscer dans son ministère. Il ne lui manque pas de respect, mais lui donne à comprendre qu’il agit indépendamment, en vertu de sa seule autorité, et que dans l’exercice de sa mission, il n’est tributaire d’aucun lien naturel.

 

Le marié et l’épouse

En donnant lui-même du vin destiné aux invités, Jésus prend la place de l’époux, bien silencieux par ailleurs. La remarque du maître du festin au marié, à qui il attribue le mérite d’avoir gardé le meilleur vin pour la fin, semble indiquer que c’était au marié que revenait une certaine responsabilité quant au vin !
Par ailleurs rien n’est dit quant à l’épouse. Quand on demande où est la mariée dans cette scène champêtre au village de Cana, on est bien en peine de répondre… Jean ne la décrit pas, ne signale pas sa présence. Cet indice invite à rechercher la dimension spirituelle que Jean a voulu donner à son récit.

 

Le maître du repas, l’intendant

Il rappelle la coutume d’organisation du repas en positionnant le vin moins bon après que les papilles des invités soient quelque peu diminuées par les premières coupes. D’ailleurs il se trompe en croyant le marié responsable de la qualité du vin servi jusqu’alors.

 

Les serviteurs

Les plus humbles de la scène, témoins directs de l’eau changée en vin, acteurs impliqués dans le travail de remplir les 6 jarres jusqu’au bord, ils obéissent à l’injonction d’une invitée leur demandant de faire ce qu’un autre invité leur ordonnera. Malgré le côté insolite de la situation, ils restent discrets après le signe manifesté. Rien n’est dit quant à leur foi éventuelle en Jésus Christ.

 

Les disciples

Chez l’évangéliste Jean, le signe manifesté est souvent le point de départ de la foi des disciples du Christ. Jésus vient de leur révéler son identité. Les disciples commencent à entrer dans la foi.

 

 

 

Textes ci-dessus rédigés avec l’aide de l’article « Les Noces de Cana » d’Henri Matadeen. Qu’il soit vivement remercié ! 

 

Les Noces de Cana : la situation géographique

Cana, de l’hébreu qaneh, « roseau ». Petite localité de Galilée, sa localisation reste incertaine, certains la plaçant à Kafr Kanna à 8 kms au nord de Nazareth, mais il semble plus cohérent de la placer à 14kms au nord de Nazareth, à Khirbet Qana dont l’environnement marécageux pourrait justifier la racine de son nom.
Il y a toujours des Chrétiens à Cana de Galilée :

 

 

 

 

Les Noces de Cana en peinture

Véronèse : Les noces de Cana
Véronèse : Les noces de Cana
Giotto - Cana
Giotto – Cana
Gérard David - Cana
Gérard David – Cana
Maarten de Vos - Cana
Maarten de Vos – Cana
Arcabas - Cana (Eglise de Notre Dame de la Salette)
Arcabas – Cana (Eglise de Notre Dame de la Salette)

Les Noces de Cana en musiques

Chant grégorien : Nuptiae factae sunt in Cana Galilaeae

 

 

Jules Massenet, La Vierge – Les noces de Cana « Ô mon fils ! On t’acclame ! »

 

 

Jacques Brel, Si c’était vrai, 1958

Les Noces de Cana au cinéma

  • La voie lactée, de Luis Buñuel : Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière rejouent le miracle avec un humour corrosif puisque c’est l’eau de toilette qui est transformée en vin.
  • Intolérance, de David Griffith : une séquence, les noces de Cana, évoque le bonheur des amours bénies par Dieu.

 

Pour en savoir plus

  • Lire le texte des Noces de Cana
  • Mettre de l’eau dans son vin : Dans l’Antiquité, le vin est un produit de luxe. En effet, les pressoirs ne sont pas alors ce qu’ils sont devenus avec la mécanisation. Les fouleurs s’affairent nuit et jour pour extraire le jus de raisins écrasés Après le temps de la fermentation, le jus, tannique à souhait, est conditionné dans des jarres, tel quel : on peut comprendre pourquoi, à la Cène Jésus ajoute de l’eau à son vin. Ce n’est pas juste un symbole. Il y a aussi l’aspect pratique : le vin est imbuvable sans l’ajout d’eau. Le vin que produisaient les vignerons de l’Antiquité était extrêmement fort en alcool, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui !

Découvrez d'autres articles :