Je suis arrivée à Toi sans vraiment savoir comment…

Sur le chemin de Dieu

Issue d’une famille d’athées, c’est au cours d’une vie de rencontres que le regard puis le cœur d’Amélie s’est tourné vers Dieu. Amélie, la quarantaine, 3 enfants et divorcée, nous explique que malgré les colères, les incompréhensions, et ses séparations parfois douloureuses, cela ne l’a pas empêché de cheminer avec Dieu. Alors que les ruptures auraient pu tout remettre en cause, elle nous témoigne de cette route de paix et de pardon où elle découvre l’Amour de Dieu.

 

Sur le chemin de Dieu
Sur le chemin de Dieu

 

Dieu dans ma jeunesse…

Dieu à toujours été dans un coin de ma tête… Toujours, du plus loin que je me souvienne. Une petite lumière, une flamme fragile et vacillante. Mais élevée dans une famille d’athées convaincus, dans une de celles où l’on « bouffe du curée au petit déjeuner », il avait peu de place dans ma vie, en fait guère plus que les fées ou les génies des histoires que me racontait ma grand-mère. Dieu était une espèce de super héros au service du bien, invoqué en cas de coup dur, une pensée magique… des fois ça marchait, des fois pas… Normal, la magie n’est pas une science exacte.

 

Un mariage et une séparation

Mon mariage et sa préparation ont été l’occasion de réveiller un peu la flamme qui dormait  sous la braise… Mais mon époux, quoique catholique était, lui aussi, un gros dormeur, et la recherche spirituelle, pourquoi pas, mais le dimanche matin c’est grasse mat…  Après, il y a le travail, les enfants, les déménagements, les vicissitudes de la vie conjugale. Les disputes, je les prends sur moi, il faut tenir, et l’évidence un jour qui s’impose… ça ne peut plus durer.

 

Des rencontres insoupçonnées avec Dieu

En fait, en relisant ma vie à la Lumière de ta présence, je crois que je t’ai souvent rencontré. Lorsque enfant ou adolescente, la souffrance était trop forte, tu mettais sur ma route un évènement, une rencontre, un livre… une planche qui m’empêchait de sombrer totalement. Lorsque plus tard tu m’as conduit à me lier d’amitiés avec des femmes debout, des femmes libres qui m’ont doucement amenée à prendre conscience de moi, de ma vie, de l’absurdité de ce que je vivais, qui m’ont accompagnée à désirer le changement, la liberté… je ne m’en rendais pas compte, tu sais, mais c’étaient là les prémices de ce qui me conduirait à toi. Je souris en pensant qu’elles ne s’imaginaient certainement pas que le chemin qu’elles initiaient me conduirait à toi… et moi non plus ! Tes voies sont vraiment impénétrables, Seigneur.

 

A la recherche de Dieu

Comme pour beaucoup, tu m’es arrivé par ta mère, la Vierge Marie, avec ce petit enfant dans les bras, la vierge si douce, si belle, si… plus accessible, vois-tu.
Et j’habitais en face de Fourvière à Lyon. La dernière chose que je voyais le soir en me couchant, c’était sa statue scintillante; et la première des choses que je voyais le matin, c’était elle. C’est vers elle que montaient mes prières, vers elle que je me tournais.
Et là, Seigneur, tu me l’as envoyé… Lui, mon amour, celui par lequel tu m’es arrivé. Bon, c’est un peu réducteur… Il est arrivé au terme d’un long parcours personnel, d’une recherche qui se faisait en moi, souterraine et diffuse, d’un questionnement tout intérieur et solitaire qui se faisait plus présent et insistant depuis deux ans. Je dirais plutôt qu’il est celui qui a fait que j’ai pu mettre en mot, et m’autoriser à vivre ce que je pressentais au fond de moi même, ce qui était diffus, présent, mais qu’une part de moi rejetait et ne voulait pas voir.

Donc, il y a eu Jacques. L’homme qui m’a fait connaitre le véritable amour… L’homme qui par sa présence, ses silences, ses sourires et son amour m’a donné l’intuition de l’amour infini qui est le tien. L’homme qui m’a fait comprendre intuitivement que c’est en se laissant pénétrer par l’amour, en se laissant aimer par l’autre, en se laissant aimer l’autre, que c’est en fait, en se laissant aller à aimer, sans (oui c’est paradoxal…) se laisser aller, que l’on trouve sa liberté.
Et non, ce n’est pas facile, c’est parfois un combat, un combat contre soi même, parfois même un combat contre l’autre…
Parce que je l’aimais si fort, si intensément, je suis allée à la messe avec lui. Pour partager ce qui était si fort pour lui.
Je l’ai accompagné, toujours avec plaisir et de plus en plus avec joie. J’ai lu, me suis familiarisé avec quelques notions de base. Maintenant, je sais de quoi on parle lorsque l’on parle de Trinité, d’Esprit-saint, de résurrection, de foi, du dogme… Je me suis surtout, jour après jour, plongée dans les Evangiles, je me suis surprise à entrer en résonance avec ta parole. Mais sans vraiment pouvoir faire la part de ce qui me venait de lui et de ce qui me venait de toi.

Lorsqu’il est parti, j’ai cru que j’allais m’écrouler, j’ai cru mourir de peine… J’ai cru quelques jours que je m’étais trompé sur toi aussi, que tu étais Toi aussi le vide, que tu étais Toi aussi  l’absence, et que comme il m’avait conduit à Toi, comme il était mon chemin vers Toi, je t’avais perdu Toi aussi.
Mais quand le dimanche est arrivé, je suis sortie du lit et je suis retourné à l’église Saint-Polycarpe. Pleine de son absence, raide de souffrance et de colère, de colère contre moi, contre lui, contre toi… me morigénant presque d’y retourner, mais j’y suis allée quand même, je  n’avais pas le choix.

 

Sur le chemin de Dieu… et sur celui du pardon

Et tu étais là, au dessus de moi, encore plus présent parce qu’enfin dissocié de lui. Et ce premier dimanche, j’ai compris que non seulement je t’aimais, mais aussi que tu m’aimais. Je crois que c’est la première fois que j’ai fait l’expérience avec toi d’une relation d’amour réciproque, d’une proximité réelle avec toi.
Parce qu’enfin mon chemin était fait, que je n’avais plus qu’à y avancer, tranquillement, sans hâte ni précipitation. J’ai compris que s’il m’avait conduit sur le chemin, et qu’il n’était plus là à mes cotés, je pouvais et je devais continuer à avancer vers toi. Que la route vers toi était à faire par moi, et par moi seule. Qu’il soit avec moi ou pas, sur ce chemin, n’avait plus d’importance.
Je me suis joint, un peu au hasard, au groupe des confirmands. J’ai retrouvé avec plaisir, émerveillement, parfois aussi je l’avoue, avec agacement, ces jolies personnes qui mois après mois me font avancer, qui me bousculent avec tendresse, sans même en être conscientes souvent, et parmi lesquelles je me sens si bien, si proche de toi.

Seigneur, petit à petit, soir après soir, dimanche après dimanche, tu as fais fondre la colère et la souffrance. Comme il m’avait conduit à toi, tu m’as ramené à lui, et profondément, à mon essentiel.
Petit a petit, j’ai pu oublier. Non pas oublier ce qui a fait cette blessure, cette déchirure, mais plutôt pardonner. Le pardon est une notion que je connaissais mal. Commencer à pardonner pour pouvoir vivre comme si je n’avais jamais été blessée. Lui pardonner, pardonner ses doutes, ses faiblesses et ses contradictions; et certainement plus important encore, me pardonner mes doutes, mes faiblesses et mes contradictions.
Et puisque j’ai trouvé la route, commencer le chemin du pardon vers tout ce qui m’a fait du mal, commencer à pardonner mon histoire, commencer à me pardonner.

 

Un renouveau pour ne plus jamais te quitter

Demain, j’entrerai en église. Tu sais avec quelle émotion et quelle joie je ferai ce premier pas dans  ta maison. Je me suis vu longtemps comme ce petit chien qui se contentait des miettes de ta parole, mais par ta tendresse et ton amour, tu me permets d’entrer dans ta vie plus complètement.
Alors tu sais, parce que tu sais tout, que cette lettre est un programme, et non un bilan, que c’est la carte du chemin vivant sur lequel je me suis engagé. Que j’y découvrirais certainement d’autres pistes, que je devrais explorer en continuant à approfondir celles ci. Que j’avance dans la joie, que parfois je me replie et m’arrête, que cette route n’est pas linéaire.
Mais ton amour m’accompagne en permanence et me grandit. Il est source d’apaisement, de bonheur, et de force.

 

(Témoignage recueilli en 2014)

 

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