« Ce qui compte, ce n’est pas de faire beaucoup, c’est de mettre beaucoup d’amour dans ce que l’on fait », Mère Teresa. Découvrez en plus sur sainte Teresa de Calcutta (1910-1997), canonisée en 2016, et sur ses oeuvres de charité. Portrait.
Sœur Agnès…
De son vrai nom Agnès Gonxha Bojaxhiu, Mère Teresa est née le 27 août 1910 à Skopje (dans les Balkans, aujourd’hui en Macédoine du Nord). Ses parents sont agriculteurs. Ils lui donnent une éducation assez stricte, ainsi qu’à ses deux sœurs et à son frère. Elle perd son père à l’âge de 9 ans.
A 18 ans, elle entre chez les sœurs de Notre-Dame de Lorette, à Rathfarnham, en Irlande. La jeune recrue est aussitôt envoyée par son ordre religieux en Inde pour y faire son noviciat.
Puis, pendant presque vingt ans, sœur Agnès, c’est ainsi qu’elle se nomme alors, enseigne la géographie aux jeunes filles des hautes castes qui fréquentent le collège Sainte-Marie à Calcutta.
Tout bascule le 10 septembre 1946 : c’est le « jour de l’inspiration ». Sœur Agnès voyage en train. La misère surgit de partout, effrayante. C’est le tournant dans la vie de cette femme de 36 ans. Elle se sent invinciblement poussée à se consacrer au service « des plus pauvres d’entre les pauvres ».
De retour à Calcutta, sœur Agnès demande à l’archevêque l’autorisation de quitter sa congrégation. Celui-ci refuse, mais lui conseille d’en parler à sa supérieure… qui accepte, sous réserve de l’agrément du Pape. Cette permission parviendra le 8 août 1948.
… devient Mère Teresa
Vêtue d’un sari blanc bordé de bleu, elle se lance dans l’aventure. Elle change alors de nom, en hommage à la sainte française, la « petite » Thérèse de l’Enfant-Jésus et fonde sa congrégation : les sœurs missionnaires de la Charité.
Calcutta, capitale du Bengale indien, est un enfer. Toute la misère du monde, depuis des années, s’y est donné rendez-vous. Chaque nuit, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants cherchent leur sommeil, le dernier peut-être, dans d’innommables bidonvilles ou à même le trottoir. Sa première rencontre: une vieille femme jetée par son fils dans une poubelle, et déjà couverte de fourmis. Le 21 décembre 1948, mère Teresa obtient l’ouverture de sa première école dans la banlieue de Calcutta.
A cette épouvante ne peut s’opposer qu’un courage infatigable.
La « Maison du cœur pur »
Écoles, dispensaires ne suffisent pas. Une nuit de juin 1952, mère Teresa ramasse une femme qui agonise sur le trottoir inondé par la mousson, les doigts de pieds rongés par les rats. Tous les hôpitaux où la religieuse vient frapper refusent la mourante. Au petit matin, celle-ci s’éteint dans les bras crispés de la religieuse. Croire à la Résurrection du Christ et laisser la mort triompher de cette manière, pour mère Teresa c’est impossible.
Elle se rend, le cœur en révolte, à la mairie de Calcutta, demande un local pour les agonisants sans toit, insiste, argumente, supplie. On lui concède, dans le quartier hindou, une partie de l’annexe du temple de Kali, déesse de la mort et patronne de Calcutta. C’est le mouroir, la « Maison du Cœur pur », là où mère Teresa désirait finir ses jours. Chaque matin, la police y amène celles et ceux que la mort n’a pas voulu prendre la nuit sur le trottoir. « Ils ont vécu comme des bêtes, qu’ils meurent ici au moins comme des êtres humains », dit mère Teresa, qui les accueille, les soigne, les aime.
Quelque 50.000 lépreux croupissent autour de Calcutta. Pour les secourir, Mère Teresa reçoit d’innombrables concours en personnes et en argent. Elle réalise une « Cité de la paix » où les familles de lépreux apprennent un métier et où leurs enfants vont à l’école.
Sans relâche, mère Teresa fonde, recrute, réconforte, file en Europe ou en Amérique pour convaincre les puissants qu’« ils doivent, eux aussi, faire quelque chose ». Sa foi et sa force de conviction réussissent à ouvrir toutes les portes et tous les cœurs. Les grands de ce monde lui décernent de nombreux prix, dont le prix Nobel de la paix en 1979.
C’est l’occasion pour elle de rappeler à Oslo que « le peuple n’a pas besoin de pitié, mais de respect », et de faire supprimer le traditionnel banquet. Gain : 7000 dollars dont bénéficieront les pauvres. Dans son discours de réception du prix Nobel, elle médusa son auditoire car après en avoir fait distribuer le texte, elle lui fit réciter la fameuse prière attribuée à Saint François d’Assise : « Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix… ».
Mère Tersa engagea aussi un combat sans concession contre l’avortement : « Si vous ne voulez pas l’enfant à naître, donnez-le-moi, je le veux ! », s’est-elle écriée à Ottawa en septembre 1988.
Tous ceux qui l’ont rencontrée ont été bouleversés par sa personnalité cachée sous sa silhouette frêle et sa démarche voûtée. Mgr Rodhain, fondateur du Secours catholique, avait dit d’elle : « Sans phraser, humblement, au ras du sol, elle est le reflet authentique de Saint Vincent de Paul ».
Mère Teresa savait comme nul autre faire intervenir les puissants
Débarquant un soir à l’aéroport de Khartoum, les humanitaires qui l’attendent lui apprennent que le gouvernement islamiste au pouvoir au Soudan bloque un train de vivres destiné aux chrétiens du Sud. Depuis l’hôtel, elle appelle aussitôt la Maison-Blanche et demande à parler à son ami, le président Reagan. Le standardiste croit à une blague, jusqu’à ce qu’elle lui communique un numéro privé en Californie. Une heure après, le président des États-Unis la rappelle dans le bureau de l’ambassadeur américain incrédule, soustrait à sa garden-party. « Pas de problème, ma mère, je joins aussitôt le premier ministre soudanais ». Le lendemain, comme par miracle, les voies étaient réparées, et le train s’ébranlait vers le Sud.
Mort de Mère Teresa
Mère Teresa est morte à l’âge de 87 ans d’un accident cardiaque, le 5 septembre 1997 à Calcutta, où elle a fondé l’ordre des Missionnaires de la Charité.
Les missionnaires de la charité
La congrégation de mère Teresa naît officiellement le 7 octobre 1950, avec une douzaine de recrues. Aux trois vœux religieux traditionnels « pauvreté, chasteté, obéissance », la règle en ajoute un quatrième : « celui de consacrer toute sa vie aux plus pauvres des pauvres de manière exclusive, et sans jamais accepter aucune récompense matérielle ».
De Calcutta, la congrégation s’étend rapidement à d’autres villes de l’Inde. Les premières fondations extérieures à ce pays auront lieu en 1965, à Caracas et Barquisimeto (Venezuela). Le 25 mars 1963, un jésuite originaire d’Australie, frère André, missionnaire à Calcutta, vient donner une branche masculine aux missionnaires de la Charité.
Aujourd’hui, près de 5000 sœurs, réparties en plus de 750 centres de près de 140 pays, poursuivent sa tâche.
Pour en savoir plus
Un très beau chant, composé par Anne-Sophie Rahm et interprété ici par le Choeur dans la ville, reprenant une prière de Mère Teresa :
Et un autre chant, magnifique, composé par le Frère Jean-Baptiste du Jonchay d’après un texte de Mère Teresa (et aussi de la Bible : Deutéronome 30,19), et interprété par l’excellent groupe « Dei Amori Cantores » :
Voici le texte « Choisis la Vie » de Mère Teresa qui a inspiré le chant ci-dessus :
« La vie est une chance, saisis-la.
La vie est beauté, admire-la.
La vie est béatitude, savoure-la.
La vie est un rêve, fais-en une réalité.
La vie est un défi, fais-lui face.
La vie est un devoir, accomplis-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, prends-en soin.
La vie est une richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est mystère, perce-le.
La vie est promesse, remplis-la.
La vie est tristesse, surmonte-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, prends-la à bras le corps.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la. »
Mère Teresa, de Calcutta (1910-1997)
- Site internet des Missionnaires de la charité
- Mère Teresa, Quand l’amour est là, Dieu est là, Eds DDB/Parole et Silence
- Tout a commencé à Calcutta. Dans les pas de mère Teresa, Eds Bayard
- Un beau film sur Mère Teresa : https://www.sajedistribution.com/film/mere-teresa.html