Le Père Chevrier

Père Chevrier

Antoine Chevrier (1826–1879) est le fondateur du Prado. Il est né à Lyon et mort dans cette même ville. Il était prêtre et profondément engagé au service des plus pauvres.

 

Père Chevrier
Père Chevrier

 

Une vie consacrée aux pauvres

Antoine Chevrier est issu d’une de ces nombreuses familles venues à Lyon pour travailler dans l’industrie de la soie. Son père était employé de l’octroi et sa mère tissait la soie à domicile. Il est ordonné prêtre en 1850 après un parcours classique au Séminaire Saint-Irénée de Lyon. Antoine Chevrier est alors envoyé dans une paroisse nouvellement créée de la banlieue lyonnaise sur la rive gauche du Rhône : Saint-André de la Guillotière.

 

Eglise Saint André de la Guillotière
Église Saint André de la Guillotière

 

La période politique à Lyon est alors agitée : insurrection des canuts en 1831, manifestations de 1834 et répression, proclamation de la République en 1848. De ce côté du Rhône, campait tout un prolétariat industriel. La Guillotière était alors une commune indépendante, peuplée essentiellement d’ouvriers, réputée turbulente et dirigée par une municipalité de gauche.

 

Massacre des canuts à Lyon
Massacre des canuts à Lyon

 

La misère qu’il rencontre obsède Antoine Chevrier. L’un de ses sermons en porte la trace : « A mesure que les grands de la terre s’enrichissent, à mesure que les richesses s’enferment dans quelques mains avides qui les recherchent, on dirait que la pauvreté croît, que le travail diminue et que les salaires ne sont pas payés. On voit de pauvres ouvriers travailler depuis l’aube du jour jusqu’à la profonde nuit et gagner à peine leur pain et celui de leurs enfants ».
Très vite il noue de nombreux liens avec la population ouvrière : il va voir les gens chez eux, connaît leurs maisons modestes, les enfants sortant de l’usine… Les inondations de 1856 le mettent encore plus en présence de la misère et de la vie des gens de son quartier.

 

Une conversion un soir de Noël

Dans la nuit de Noël de l’année 1856, le Père Chevrier médite devant la crèche. Il comprend alors que l’Évangile est fondamentalement une Bonne Nouvelle qui peut réjouir chacun, quelle que soit sa condition. Il devient certain que Dieu aime la compagnie des petits et que plus jamais les hommes ne seront seuls. Il découvre qu’il ne suffit pas d’aimer passionnément les hommes et de chercher à les soulager dans leurs misères. S’il veut leur faire découvrir l’Évangile, il doit lui aussi, comme le Christ, partager la vie des pauvres et devenir pauvre comme eux.

 

Le Prado : une salle de bal pour église

En 1860, le Père Chevrier saute le pas. Il acquiert le Prado, une salle de bal connue et mal famée. Il garde les jeunes six mois, les prend complètement à charge et veut les instruire en leur faisant découvrir le Christ dans un climat de confiance et de simplicité.
A ce travail avec des jeunes, il associe également de jeunes ouvrières. Il leur propose une formation selon l’évangile, une vie consacrée au Christ et aux pauvres. L’une d’entre elles, Marie Boisson devient ainsi la première sœur du Prado.
A la différence d’autres établissements du même type, le Père Chevrier se refusait à ce que l’on fît travailler les enfants qu’il accueillait. En l’absence de tout revenu régulier, il ne voulait compter que sur la Providence et la générosité des pauvres à l’endroit de ceux qui étaient encore plus pauvres qu’eux.

 

Père chevrier
Père chevrier

 

Si le gros œuvre de l’aménagement du Prado bénéficia du concours de riches donateurs, ce furent surtout les gens du peuple qui assurèrent l’existence quotidienne des enfants du Prado. Ainsi, dans un grand nombre d’ateliers, les ouvrières mettaient tous les jours un ou deux sous de côté sur leurs salaires quotidiens. Le dimanche, elles portaient la somme au Père Chevrier.
Le Père Chevrier cherche également à associer des prêtres qui acceptent de vivre pauvrement au milieu des pauvres, pour leur faire connaître l’Évangile dans des mots accessibles et des attitudes vraies. Les difficultés sont nombreuses car certains prêtres n’obtiennent pas l’autorisation de venir et d’autres ne s’adaptent pas. Il demande l’autorisation de former lui-même des jeunes en vue du sacerdoce. Ce sera le point de départ de l’Association des Prêtres du Prado.

 

La mort du Père Antoine Chevrier

A sa mort, plus de 5 000 personnes se pressèrent à ses obsèques, principalement des ouvriers et des pauvres avec lesquels il vivait à la Guillotière.
A cette occasion, le journal Le Progrès, peu suspect alors d’être favorable à l’Église, écrivait dans son édition du jeudi 9 octobre 1879 : « Il n’est jamais trop tard pour rendre hommage à la mémoire des hommes de bien, et à quelque parti qu’ils appartiennent nous oublions les dissensions politiques pour ne plus voir en eux que le côté digne de respect et d’admiration. M. l’abbé Chevrier, fondateur de la Providence du Prado, était un de ces hommes dont le souvenir mérite de ne pas être effacé par le temps. Il a eu pitié des petits vagabonds qui couraient les rues sans être protégés contre les tentations du vice par aucune utile surveillance et a consacré toute son activité persévérante à l’éducation de ces enfants. Tel a été son but en fondant cette Providence à la Guillotière. La foule qui se pressait aux funérailles de l’abbé Chevrier et qu’on a évaluée à près de 5000 personnes (Le Nouvelliste donne le chiffre 10.000) est une juste manifestation de la reconnaissance publique. Quant à nous, qui ne sommes point suspectés de sympathie pour le clergé, nous saluons avec d’autant plus de respect que cela nous arrive rarement, la mémoire de ce prêtre qui a fait œuvre de bon citoyen ».
Antoine Chevrier a été béatifié à Lyon par Jean-Paul II le 4 octobre 1986 lors de son troisième voyage en France, en présence d’une foule de 350 000 personnes.

 

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