Frédéric Ozanam

Frédéric Ozanam

Antoine-Frédéric Ozanam (1813 – 1853) est le fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Professeur de littérature étrangère à la Sorbonne, historien et essayiste catholique français ; il a été béatifié par le pape Jean-Paul II le 22 août 1997.

Frédéric Ozanam
Frédéric Ozanam

 

Naissance et jeunesse de Frédéric Ozanam

Frédéric Ozanam est issu d’une famille qui a vécu entre la Bresse, l’Italie et Lyon. Le père de Frédéric, Jean-Antoine-François, issu de la Bresse devient médecin à Milan. C’est en 1810 que son fils Frédéric naît. Le père de Frédéric quant à lui rentre en 1816 à Lyon où il est nommé à l’Hôtel-Dieu.

Frédéric Ozanam fait ses études brillantes au Collège royal de Lyon. Déjà il aime écrire, participant dès l’âge de quinze ans au journal L’Abeille Française. Il y forgera sa vocation pour le journalisme. Il part ensuite faire ses études à Paris où il obtient son doctorat en 1836, ainsi qu’une licence ès lettres.

 

Un catholique heurté par le rationalisme et l’anti-christianisme

L’atmosphère d’incrédulité qu’il rencontre dans le milieu universitaire le heurte. Il n’hésite pas à intervenir à la fin des cours pour protester contre les attaques que certains professeurs rationalistes prononçaient contre l’Église et le christianisme. Il fréquente alors des intellectuels catholiques libéraux : Lamennais, Lacordaire, Montalembert et Lamartine.
Face à la critique suivante : « Le christianisme a fait autrefois des prodiges, mais aujourd’hui, il est mort. Vous vous vantez d’être catholiques, que faites-vous ? Où sont les œuvres qui démontrent votre foi et qui peuvent nous la faire respecter et admettre ? », Frédéric Ozanam s’oriente vers l’aide aux plus démunis.
Le 23 avril 1833, il fonde avec des amis étudiants, une petite société vouée au soulagement des pauvres, qui prend le nom de Conférence de la charité.

 

Frédéric Ozanam : un des fondateurs de la Société de Saint-Vincent-de-Paul

La conférence se place très vite sous le patronage de Saint Vincent de Paul. Les familles visitées sont signalées à la conférence par sœur Rosalie Rendu, une Fille de la Charité très active dans les quartiers pauvres de Paris.

Saint Vincent de Paul
Saint Vincent de Paul

L’action entreprise a un triple but :

  • exercer la charité chrétienne envers les pauvres,
  • préserver moralement les jeunes gens contre « les tentations du monde »,
  • et fortifier leur foi en accomplissant une action à caractère social.

Toute sa vie, Frédéric Ozanam restera attaché à la Société de Saint-Vincent-de-Paul, participant à son développement et à son rayonnement. Il refusera pourtant toujours la fonction de président.

 

Les Conférences de carême de Notre-Dame de Paris

Frédéric Ozanam est convaincu qu’« il faut que, quelque part, une parole de croyant soit dite, qu’un enseignement religieux soit donné, à un niveau de compétence et de notoriété qui fasse pièce aux doctrines rationalistes que diffusent les maîtres des chaires officielles ».
Ainsi, il fait parvenir dès 1833, à l’archevêque de Paris, une pétition signée d’une centaine d’étudiants catholiques pour que soient organisées des conférences à Notre-Dame de Paris avec un prédicateur prestigieux. Les conférences auront lieu pour la première fois au carême 1834. En 1835, prêchées par Lacordaire, elles obtiennent un immense succès.

Lacordaire à Notre-Dame de Paris (dessin - 1845)
Lacordaire à Notre-Dame de Paris (dessin – 1845)

 

Frédéric Ozanam de retour à Lyon

Une fois obtenu son doctorat, Frédéric Ozanam devient avocat et pratique quelque temps ce métier à la Cour royale de Lyon où il revient en 1836. Mais il exerce cette profession sans conviction car il est plus attiré par le professorat.
En même temps, passionné de Lettres et d’Histoire, il prépare sa thèse de doctorat ès-lettres sur Dante et la philosophie catholique au XIIIe siècle et la soutient en 1839. La chaire de professeur de Philosophie au Collège d’Orléans lui est proposée mais il opte pour celle de droit commercial de Lyon, qui lui permet de rester dans sa ville.

Lyon, France
Lyon, France

La littérature permet à Ozanam de retrouver l’histoire et plus particulièrement l’histoire des religions. Il s’affirme en historien chrétien, et son grand projet est de nature apologétique : montrer le christianisme « civilisant les Barbares par son enseignement, leur transmettant l’héritage de l’Antiquité, créant, avec la vie religieuse et la vie politique, l’art, la philosophie et la littérature au Moyen Âge ». Son but est « de faire connaître cette longue et laborieuse éducation que l’Église donna aux peuples modernes ». Pour lui, « le christianisme, bien loin d’avoir été l’ennemi de la civilisation antique, l’a empêchée de périr. Il a sauvé du naufrage la science, les arts, les institutions sociales ».
Parallèlement à cet enseignement, il fait des conférences de philologie, il inspecte des professeurs de langues étrangères dans les collèges de Paris, il participe aux examens de recrutement des enseignants, fait partie du jury de l’agrégation, et doit souvent aller faire passer le baccalauréat.

 

Concilier science et christianisme

L’Église et l’Université sont alors en forte opposition. Frédéric Ozanam, qui s’efforce de concilier fidélité à l’Église et fidélité à l’Université, prend une position mesurée, difficile à tenir, souvent mal comprise et critiquée.
Prêt à combattre avec d’autres catholiques les doctrines qu’il ne partage pas, il n’en adopte pas moins des positions modérées.

 

Du catholicisme libéral au catholicisme social

Dès les années 1830, Frédéric Ozanam se situe dans le courant initié par Lamennais qui voit dans les principes révolutionnaires de « Liberté, Égalité et Fraternité », une traduction moderne du message évangélique. Il croit à une alliance possible de la Religion et de la Liberté, il récuse l’union du « trône et de l’autel » . Il crée ainsi en 1843, le groupe des catholiques libéraux qui relance la revue Le Correspondant à laquelle il collabore.
Mais il est préoccupé depuis l’origine par l’apparition de la misère ouvrière liée à la révolution industrielle.

La révolution industrielle
La révolution industrielle

La question sociale est à l’origine de son engagement politique. Peu avant les journées révolutionnaires de février 1848, sa célèbre phrase « Passons aux Barbares » est prononcée dans un discours au Cercle Catholique : pour lui, de même que l’Église s’était détachée de l’Empire romain décadent pour s’appuyer sur les royaumes barbares, de même il fallait passer « du camp des rois, des hommes d’État de 1815, pour aller au peuple ».
Son engagement politique reste bref, mais son intuition de la question sociale fait de lui un précurseur.

 

Une vision moderne de l’Église

La réconciliation de la liberté et de l’Église qu’il souhaite est à l’origine des espoirs qu’il met dans le Pape Pie IX. Il souhaite une papauté dont les chefs apparaissent moins comme des princes temporels que comme des pasteurs.
Dans une Église pas assez sensible aux évolutions de la société et à la misère ouvrière, il témoigne de la primauté de l’amour des pauvres.
Dans le contexte français d’une Église très cléricale, il met en avant la responsabilité et la mission propres des laïcs. Frédéric Ozanam se situe ainsi en précurseur de l’action catholique laïque.

 

Pour en savoir plus

Découvrez d'autres articles :