La Bible relate d’abord une expérience de Dieu

La Bible

Une lecture de la Bible au pied de la lettre, sans chercher à comprendre quand et pourquoi ont été écrits les textes, peut nous détourner de son sens profond. Les relations entre l’Histoire et la Bible sont compliquées.

 

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Comment interpréter les textes de la Bible ?

La Bible comprend deux parties distinctes, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Ces deux livres ont été écrits à des périodes différentes :

  • Ancien Testament : Histoire du peuple hébreu et sa relation avec Dieu.
  • Nouveau Testament : Vie de Jésus Christ et des premières communautés chrétiennes.

Les histoires écrites dans la Bible, pour l’Ancien Testament, ont été rédigées très longtemps après les évènements vécus par les hébreux. Par contre, le Nouveau Testament qui relate la vie de Jésus Christ et des premiers chrétiens, a été rédigé beaucoup plus rapidement.
Mais pour aucun des deux, les textes n’ont été rédigés en même temps que le vécu. Ainsi, la Bible n’est surtout pas un reportage sur le vif comme on peut le voir aujourd’hui à la télévision ou sur Internet.
Il faut donc intégrer deux notions pour éviter toute erreur d’interprétation ou de jugement et comprendre le sens profond du texte :

  • La dimension « temps » entre le vécu de ce peuple et la rédaction de ce vécu.
  • La dimension culturelle propre de ce peuple (style de vie, langues, rapports hommes-femmes, conflits et guerres, connaissances scientifiques…).

Avant que les textes n’aient été rédigés, ils ont été transmis par une tradition orale. Celle-ci fut le moyen de transmettre de génération en génération l’histoire d’un peuple qui ne savait pas toujours lire et écrire. Cela amenait les conteurs à structurer les récits sous une forme répétitive et donc plus facile à mémoriser.
La Bible, particulièrement pour l’Ancien Testament, s’exprime de manière imagée voire poétique. Il ne faut donc pas prendre ces textes au pied de la lettre mais chercher à comprendre ce qu’ils veulent dire (exemple : Adam et Eve).
A la différence d’un reportage, la Bible est surtout un livre sur l’expérience spirituelle d’un peuple à la recherche de Dieu dans sa vie quotidienne. Donc, basée sur des évènements réellement vécus, la Bible les présente dans le contexte culturel de ce peuple et de l’époque.
L’intention des livres bibliques n’est donc pas historique, mais théologique. Ils ne cherchent pas à rendre compte de réalités historiques, mais d’une vérité théologique : l’Amour de Dieu pour l’humanité qui passe par une Alliance avec un peuple (Ancien Testament) et qui va jusqu’à la mort et la résurrection de Jésus, Fils de Dieu (Nouveau Testament).

 

La Bible : un livre, des genres littéraires

La Bible n’a pas été écrite d’un seul trait. Dans l’Ancien Testament, on saute de récits plus ou moins historiques et symboliques à des lois, prophéties, prières ou livres de sagesse, qui nous disent chacun à leur façon quelque chose de la relation de l’homme ou du peuple d’Israël avec son Dieu. Avec les Évangiles, on entre davantage dans l’histoire, mais dans une histoire transcendée par la théologie.

 

Les genres littéraires de l’Ancien Testament

L’Ancien Testament comporte plusieurs « genres littéraires ». Les principaux sont les suivants :

Les récits

La plupart des textes bibliques sont des récits. Pour autant, il ne faut pas penser qu’ils rapportent toujours des événements historiques.
On peut distinguer ainsi:

  • le mythe : au commencement, l’homme se pose des questions sur Dieu. Le mythe lui sert à se construire dans sa réalité vécue au fil des générations. On raconte sous forme de mythes un récit qui sert à expliquer la condition humaine (ex : Livre de la Genèse).
  • la légende : un ensemble de récits populaires autour d’un ancêtre prestigieux, aimé de la divinité (ex : Abraham, Jacob, Josué, David), ou bien autour d’un lieu saint (ex : Jérusalem). Elle s’enracine dans des traditions orales locales, mais son historicité n’est pas vérifiable.
  • le roman : une suite de récits fictifs liés par une intrigue continue autour d’un personnage plus ou moins historique (ex : l’histoire de Joseph et ses frères ou bien le Livre de Judith).
  • la chronique historique : une suite de récits présentant certains événements de l’histoire d’un peuple et de ses rois, pour en donner une interprétation globale, idéologique et religieuse (ex : les deux Livres des Rois ou les deux Livres des Maccabées).

Les lois

Pour les lois, nous pouvons repérer trois grandes collections dans le Pentateuque :

  • le Code de l’Alliance..
  • le Code Deutéronomique.
  • le Code de Sainteté.

Elles traitent des relations avec Dieu (rituels pour le culte et règles pour les grandes étapes où la vie est en jeu : naissance, sexualité, guerre, maladie, mort…), et des relations humaines (règles politiques, économiques, familiales…).

 

Les prophéties

Les livres prophétiques ont conservé par écrit les paroles de certains prophètes. Ces derniers parlent au nom de Dieu. Pour cela, ils s’expriment sous deux formes :

  • L’oracle de jugement qui annonce le malheur inévitable en raison de l’infidélité du peuple. Ces textes concernent essentiellement l’époque avant l’Exil.
  • L’oracle de salut qui annonce le bonheur et la délivrance que Dieu va envoyer après l’épreuve. Ces textes apparaissent après l’Exil.

Parmi les autres styles utilisés par les prophètes, on trouve aussi des visions, des récits ou encore des apocalypses.

 

Les écrits de sagesse

  • Le proverbe est la forme la plus courante et la plus brève. Il évoque une expérience courante dont on tire une règle de vie.
  • La parabole est un récit fictif mais vraisemblable qui amène à réfléchir sur une situation.
  • Le conte est un récit fictif avec des traits invraisemblables pour enseigner une vérité importante.
  • Le dialogue est un un débat argumenté entre deux ou plusieurs personnages sur les grandes questions de la vie : la société, les injustices, la souffrance, la mort.
  • La méditation poétique sur l’homme devant Dieu, sur l’histoire, sur l’amour.

Les prières

Elles peuvent être individuelles ou collectives. On retrouve quatre genres principaux :

  • la louange : proclamation de la grandeur de Dieu pour son œuvre permanente de créateur ou pour ses interventions dans l’histoire d’Israël.
  • la supplication : l’appel au secours d’un malheureux ou du peuple.
  • l’action de grâce : la reconnaissance pour une délivrance de la détresse.
  • la confiance : pour exprimer une relation de foi envers Dieu sans demande particulière.

 

Le Nouveau Testament : le genre évangélique

Que signifie le terme « Évangile » ?

Ce mot existait déjà avant le Nouveau Testament. Il vient du grec « euangelion » qui signifie « annonce de bonne nouvelle ».
Lorsque l’apôtre saint Paul, mort en 67, parle de l’évangile, il ne parle pas de l’un des quatre écrits que nous connaissons, mais du kérygme, c’est-à-dire de l’annonce de la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité d’entre les morts pour le salut du monde. L’évangile est d’abord un message, une annonce, un kérygme.

 

Qu’est-ce que l’Évangile ?

Avant d’être un livre, l’Évangile est une réalité historique. Ainsi, il est un récit mis en forme qui fait le compte-rendu de l’expérience humaine et spirituelle des hommes et des femmes ayant côtoyé Jésus Christ. L’Évangile est à la fois :

  • un récit mis en forme. Il s’agit d’un recueil des paroles, des miracles et des paraboles du Christ.
  • le compte-rendu d’une expérience. Il reprend les souvenirs concernant la vie commune entre le Christ et les apôtres ainsi que les disciples à qui il a fait vivre une expérience humaine et spirituelle, ainsi que les hommes et les femmes qu’il a rencontré.
  • un écrit répondant aux besoins de la communauté. Les Évangiles ne sont pas que des mémoires. Ils représentent aussi l’expression d’une communauté qui doit trouver les réponses aux questions qu’elle se pose. On y trouve ainsi des éléments de catéchèse, d’organisation des communautés, de liturgie (la liturgie est un culte public et officiel instauré par une Église), de rapports avec le judaïsme.
  • une théologie (qui est l’étude des questions religieuses) mise sous la forme d’un récit.

 

Qu’est-ce que l’Évangile n’est pas ?

Par contre, il faut abandonner l’image d’un reportage au sens où nous le comprenons aujourd’hui.
L’ Évangile n’est donc ni :

  • le procès verbal de la vie de Jésus Christ au sens d’une chronologie rigoureuse et exhaustive. Pour autant, le genre évangélique s’inscrit dans l’Histoire et certains évènements peuvent être datés avec précision.
  • la biographie de Jésus. Les Évangiles optent pour une présentation vivante et rejettent le genre biographique.

 

Pourquoi l’Église a retenu plusieurs Évangiles ?

Rien ne justifie sur le plan historique que l’Église ait retenu quatre Évangiles plutôt que 3 ou 5. Par contre, le choix de plusieurs textes permet de donner une image du Christ qui n’est jamais figée.
Ce choix évite de pratiquer une lecture à la lettre du texte : chaque texte prend en effet son sens à la lumière des autres.

 

Est-ce qu’il existe d’autres Évangiles ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Évangiles « canoniques » (c’est à dire inscrits dans le « canon », la liste des écrits reconnus par l’Église) ne sont pas les seuls !
Les quatre Évangiles que nous connaissons ont un point commun : ils culminent par le récit de la Passion. C’est pourquoi on les appelle parfois les « Évangiles de la Passion ». Un autre existe (celui de Pierre) mais on n’en possède qu’un fragment qui va de la fin du procès à la résurrection.
D’autres formes de rédaction ont existé :

  • Évangiles de l’enfance qui racontent la naissance et l’enfance du Christ (Protévangile de Jacques, Évangile du Pseudo-Thomas).
  • Collections de paroles de Jésus, mises bout à bout sans être intégrées dans un récit (Évangile de Thomas).
  • Méditations sur des thèmes religieux (Évangile de Philippe, Évangile de Vérité…).

Pour ces textes, on parle des « Évangiles Apocryphes ».

 

Existait-il un texte avant les Évangiles ?

Depuis très longtemps, on s’est rendu compte que les évangiles de Matthieu, Marc et Luc possédaient des passages en commun et que Matthieu et Luc possédaient des passages communs que n’avait pas Marc.
L’évangile de Marc aurait été écrit en premier. Il aurait servi de première source aux deux autres évangiles (Matthieu et Luc). Matthieu et Luc auraient aussi possédé une deuxième source commune de paroles appelée la « Source Q » (pour Quelle signifiant « source », en Allemand).