Les livres des Rois : illusions et désillusions du Royaume d’Israël

S’enchaînant sur le deuxième livre de Samuel, les livres des Rois proposent au lecteur un vaste panorama sur l’histoire de la monarchie en Israël. Après avoir brillamment commencé, la royauté dégénère dans la médiocrité. Après s’être installée dans la défaillance morale et politique, elle s’achève en catastrophe par la chute de Jérusalem.

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Sens des livres des Rois

Depuis le règne glorieux de Salomon jusqu’à la perte du royaume et l’exil à Babylone, l’auteur propose une lecture théologique des événements historiques. Son souci est d’expliquer comment Israël a pu se retrouver en exil alors même qu’il possédait les promesses du Seigneur. »]Pour ces Juifs exilés, la cause de l’échec en terre promise vient de l’incapacité à respecter l’Alliance. Cette école rédactionnelle est particulièrement sévère à l’égard des rois, car ils sont en quelque manière représentatifs du peuple. Le péché du roi aura donc des conséquences qui dépasse sa seule personne et peut atteindre tout son royaume.

Les personnages principaux des livres des Rois : Salomon, Élie, et Élisée

Salomon : fils de David et de Bethsabée, dernier roi du royaume unifié d’Israël (970-931). C’est sous son règne que le Temple de Jérusalem fut bâti. Il est resté célèbre pour sa richesse et sa sagesse.

Élie : en hébreu éliyah ou éliyaou, « mon Dieu, c’est Yah », prophète, il vit dans le Royaume du Nord au temps du roi Achab (874-853), entraîné à l’idolâtrie par son épouse Jézabel, fille du roi phénicien de Sidon. Élie défie le roi Achab et s’oppose sur le Mont Carmel aux prêtres de Baal. Il oint Jéhu comme roi et laisse sa succession à Elisée avant de s’élever au ciel sur un char de feu (2 R 2,11). Dans le Nouveau Testament, certains prennent Jésus pour Elie (Mc 6,15).
Élisée : disciple d’Elie, ayant endossé le manteau de son maître, il devient son authentique successeur. Il opère un certain nombre de miracles comme une multiplication des pains, la résurrection du fils d’une veuve et la guérison d’un lépreux Naaman. On peut penser que l’évangile selon saint Marc décrit la vie et les gestes de Jésus en prenant modèle sur le cycle d’Elisée (2 R 2-13).

Histoire de la rédaction des livres des Rois

Pour l’exégèse contemporaine, les livres des Rois font partie de l’Historiographie deutéronomiste qui va de Deutéronome au second livre des Rois. »]Une première école, appelée école de Harvard (F. M. Cross), considère qu’il y a une première rédaction deutéronomiste à l’époque de Josias et une seconde rédaction deutéronomiste (2 R 24-25) lors de l’exil.
Une deuxième école, appelée école de Göttingen (Smend, Veijola, Dietrich), repère trois rédacteurs deutéronomistes DtrH, DtrP, DtrN, à l’époque de l’exil.
Les auteurs deutéronomiste devaient posséder plusieurs sources : « les Annales des rois d’Israël » (de Jéroboam Ier à Osée), « les Annales des rois de Juda » (de Roboam à Sédécias et Godolias) et une « histoire des anciens rois » (de Saül/David à Jéhu).
Les récits prophétiques comme les histoires d’Elie et d’Elisée (1 R 11,29-40 ; 14,1-18 ; 22,5-28 ; 17-19 ; 2 R 1-9 ; 13,14-21) ou comme l’histoire d’Ahiyya de Silo (1 R 11) peuvent également provenir de sources indépendantes.
Peut-être y a-t-il eu déjà des rédactions Deutéronomistes à l’époque assyrienne sous Josias, mais la première rédaction d’ensemble de 1-2 R provient des descendants des dirigeants judéens exilés en Babylonie qui cherchaient à promouvoir une restauration nationaliste de la maison de David en Juda.
Le récit de la réhabilitation du roi Joiakîn (2 R 25,27-30) semble exprimer les espoirs d’une restauration de la maison de David (cf. Ag 2 ; Za 1-8), mais pourrait très bien provenir de la période perse afin de montrer qu’il est possible de vivre en Diaspora (cf. les romans de Diaspora Gn 37-50* ; Dn 1-6* ; Esther).

L’art et les livres des Rois : les peintures et sculptures représentant les livres des Rois

Le jugement de Salomon
Élie, la famine et les corbeaux
Élie et les prophètes de Baal
La construction du Temple par Salomon
Salomon et la reine de Saba
Élie est enlevé au ciel sur un chariot de feu

 

La musique et les livres des Rois : les musiques faisant référence aux livres des Rois

 

HAENDEL-HWV 67-Salomon-L’arrivée de la reine de Saba

https://www.youtube.com/watch?v=FNUuegeHMnU
https://www.youtube.com/watch?v=AdDR8Z-h2gY
https://www.youtube.com/watch?v=yOWefVEOU-E
https://www.youtube.com/watch?v=QCHUCMiJ_Ew

Händel, Athalia, 1733

 

Félix Mendelssohn-Bartholdy, Elie, 1847

 

Hubert Parry, Jerusalem, 1916

Poème de William Blake mis en musique (vidéo non disponible)

 

Ernst Bloch, Schelomo, 1916

 

Momus, « King Solomon’s Song and Mine », 1986 (alternatif)

 

Sade, “Jezebel”, 1985 (R&B)

 

 

La littérature et les livres des Rois : la littérature relative aux livres des Rois

Le Kebra Nagast, livre éthiopien du début du XIVe siècle, on raconte que Salomon et la reine de Saba eurent un fils Ménélik, qui aurait été à l’origine de la dynastie qui régna sur l’Ethiopie jusqu’en 1974. Parvenu à l’âge adulte, Ménélik va à Jérusalem rencontrer son père. Il retourne en Ethipopie avec l’Arche d’alliance qu’il a volée. Elle serait jusqu’à ce jour à l’église Notre-Dame-de-Sion à Aksoum.

Jean Racine, Athalie, 1691
William Blake, “And Did Thoser Feet in Ancient Time”, preface de Milton A Poem, 1804
“Bring me my Bow of burning gold;
Bring me my Arrows of desire:
Bring me my Spear: O clouds unfold!
Bring me my Chariot of fire!”
Gérard de Nerval, « Les Nuits de Ramazan », Voyage en Orient, 1851
Herman Melville, Moby Dick, 1851
Le héros du livre est le capitaine Achab.
Hugo, « Salomon », Légendes des siècles, 1859
Robert Browning, Solomon and Balkis, 1883
Hayim N. Bialik, Salomon et la Reine de Saba
Audiberti, Salomon, Race des hommes, 1937
Rudyard Kipling, « Naaman’s Song »

 

Le cinéma et les livres des Rois : les films faisant référence aux livres des Rois

Les chariots de feu, film de Hugh Hudson, de 1981
Le film raconte l’histoire de deux sportifs qui font partie de l’équipe britannique d’athlétisme des Jeux Olympiques de Paris en 1924 : Harold Abrahams (joué par Ben Cross), juif qui doit surmonter l’antisémitisme de son temps, et Erik Lidell (joué par Ian Charleson), protestant presbytérien, qui refuse de courir au nom de sa foi les Dimanches. Un autre athlète britannique, le triple-sauteur Jonathan Edwards, refusa pendant longtemps de concourir les Dimanches.

Le titre du film vient d’un poème de William Blake, And Did Those Feet in Ancient Time, mis en musique en 1916 par Charles Hubert Hastings Parry. C’est devenu un chant très populaire en Angleterre qui termine, par exemple, chaque été la dernière nuit des Proms.
Le poème de William Blake fait allusion au chariot de feu du prophète Élie (2 R 2,11).
https://www.youtube.com/watch?v=3vxlX5wyEQs

 

La solitude du coureur de fond, film de Tony Richardson de 1962

 

Quatre mariages et un enterrement, film de Mike Newell de 1994

Jérusalem de Parry est chanté lors du premier mariage, celui d’Angus et de Laura.

 

Salomon et la Reine de Saba, King Vidor, 1959
https://www.youtube.com/watch?v=y1uHuq6Qm8k

 

Pour aller plus loin dans les livres des Rois

 

Plan des livre des Rois

Le plan des livres des Rois est strictement chronologique, centré sur les monarques des deux royaumes. D’abord la succession de David, puis le règne de Salomon et enfin tous les rois qui règnent sur les royaumes du Nord et du Sud.
Pour trouver un tableau détaillé des différents rois, cliquez ici

Le schisme d’Israël (931 avant J.-C.)

A la mort de Salomon, son fils aîné Roboam lui succède normalement. Lassées par les exigences de Salomon, les tribus du Nord, espèrent que le nouveau roi renoncera à la corvée. Elles demandent à rencontrer Roboam dans la ville de Sichem. Pour ce dernier, il s’agit d’une simple formalité afin de le reconnaître comme roi. Mais pour les délégués des tribus, il s’agit d’entreprendre de véritables négociations.
Mal conseillé, Roboam décide de ne pas tenir compte des doléances des tribus. A leurs demandes il répond orgueilleusement : « Mon père a rendu pesant votre joug, moi j’ajouterai encore à votre joug ; mon père vous a châtiés avec des lanières, moi je vous châtierai avec des fouets à pointes de fer. » (1 R 12,14).
La réponse des tribus est alors immédiate. Face à sa position, les représentants des tribus quittent l’assemblée et c’est le schisme.
Roboam ne possède alors plus que le seul territoire de la tribu de Juda ainsi que la petite tribu de Benjamin.
Les tribus du Nord se donnent un chef en la personne de Jéroboam.
Désormais, le royaume est partagé en deux :

• le Royaume de Juda (ou royaume du Sud), territoire de Roboam.

• le Royaume d’Israël (ou royaume du Nord), territoire des autres tribus dirigées par Jéroboam.

 

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