Le bonheur est intimement lié au sens que l’on donne à sa vie. Pour cela, il n’y a pas de recette miracle ! Mais il existe quand même des moyens favorables pour espérer cette découverte. Voici neuf pistes à explorer, éclairées par des coachs, psys, philosophes, auteurs.
1. Ralentir
Un rythme effréné, un agenda blindé… Difficile à 200 km/h de réfléchir à la bonne direction ! Oui, on a besoin d’une certaine lenteur pour aller au fond de soi, où se construit le bonheur vrai.
• « La vie intérieure n’est pas le refus des autres et du monde. Au contraire, elle consiste à s’ouvrir à l’extérieur, au monde et aux autres, mais en les vivant de l’intérieur. Cela revient à être présent à ce que l’on fait, à ce que l’on dit, à ce qui se fait, à ce qui se dit. Qui est intérieur est intérieur à la présence, qui est extérieur est extérieur à la présence. »
Bertrand Vergely, philosophe, dans Une Vie pour se mettre au monde, co-écrit avec la psychologue Marie de Hennezel (Ed. Carnets Nord)
2. Vivre l’instant présent
« Vivement la semaine prochaine, vivement la fin de mes études, vivement la retraite… » Et si on disait : « Vive maintenant ! » ? C’est dans l’instant bien réel à vivre que le sens peut commencer à se dégager, que le bonheur peut se dessiner.
• « Respirer, marcher, parler, regarder : toutes choses ordinaires, dont on ne s’aperçoit de la valeur que lorsqu’on a failli les perdre pour toujours. Les rescapés d’accident, de maladie ou d’événements de vie graves racontent tous la même histoire, et la même sensation, liée à cette prise de conscience : vivre est une chance. Et en prendre conscience peut être bouleversant. »
Christophe André, psychiatre, dans son livre Imparfaits, libres et heureux (Ed. Odile Jacob)
3. S’estimer soi-même
Pour se vouloir du bien à soi-même, découvrir un sens à sa propre vie, il faut penser qu’on en est digne, reconnaître sa valeur ! Comment être vraiment heureux sinon ?
• « L’estime de soi est essentielle dans la vie ! Elle est une appréciation de soi qui est juste. Ni trop (pas dans la « toute-puissance ») ni pas assez (pas dans le dénigrement de soi-même)… Avoir conscience de sa valeur, c’est donc avancer sur une ligne de crête, d’un côté en valorisant sans excès ses réussites, de l’autre en ne surestimant pas ses erreurs.
Cette estime de soi se construit dans la relation à l’autre ; elle grandit avec le sentiment d’être aimé de façon inconditionnelle. L’aisance intérieure obtenue permet de se laisser interpeller paisiblement par des questions existentielles : regarder les choses de plus haut que le quotidien est très important pour donner une orientation à son existence, un sens à sa vie. »
Edith Tartar Goddet, psychologue et psychosociologue (Ile-de-France), chroniqueuse à l’hebdomadaire Réforme
4. Reconnaître ses fragilités
Dur, dur… On n’a pas tout, on ne sait pas tout, on ne peut pas tout ! Alors oui, la recherche du bonheur et du sens de l’existence doit composer avec cette « finitude » inhérente à la vie humaine.
• « Les personnes que j’accompagne se rendent compte qu’elles sont fragiles, pas parfaites, pas toutes puissantes. Elles font l’expérience de toucher leurs limites et découvrent ainsi leur ombre : tout ce qui est inconscient en elles. Le développement de la conscience fait qu’on a tendance à exclure cette part de soi-même. Cette découverte est douloureuse, c’est reconnaître que : je ne peux pas tout maîtriser, je suis faible, je ne peux pas vivre en ne comptant que sur mes propres forces. C’est pourtant dans l’humble acceptation de cette ombre, de la totalité de ce que je suis, que quelque chose se passe. »
Julie Saint Bris, psychologue clinicienne et psychanalyste, auteur de Quête de soi, quête de Dieu ? (Presses de la Renaissance)
5. Prendre en compte la souffrance
Inévitable, la souffrance traverse toute vie. Que faire ? La nier ? On peut au contraire l’intégrer dans sa réflexion existentielle (tout en la combattant évidemment !).
• « Le bonheur d’être soi-même n’exclut pas la souffrance. Notre époque a du mal à l’accepter. Beaucoup de gens sont prêts à tout envoyer bazarder pour que la souffrance cesse. Et pourtant, souffrir n’est pas mourir. La souffrance, il faut l’affronter, la questionner. Elle peut être – c’est étonnant – l’occasion d’un désencombrement de soi-même, d’un chemin vers ce qui est essentiel. On peut se découvrir plus libre pour avancer. Attention toutefois à ne pas rechercher la souffrance ni à s’y complaire de manière victimaire. »
Virginie Tesson, coach à Roubaix
6. Mieux se connaître
C’est plus facile de découvrir progressivement un sens à sa vie quand on apprend à mieux connaître le « matériau de départ » : soi-même ! On ne devient pas heureux en étant en dehors de soi-même mais en habitant pleinement la personne que l’on est.
• « Mieux se connaître, c’est la clef ! On peut passer son temps à écouter des témoignages de gens qui ont trouvé un sens à leur vie… Mais la question, c’est ce qui m’anime moi, quels sont mes moteurs, mes centres d’intérêt, mes goûts, qu’est-ce qui me rend heureux. Il n’y a que moi qui peux découvrir ce qui fait sens chez moi. Il faut d’abord que je me reçoive moi pour, ensuite, me mettre dans une dynamique du don. »
Blandine Yvert, psychologue spécialisée dans l’orientation, auteur de Orientation – Mode d’emploi (Ed. Quasar)
7. Accepter le changement
Le bonheur ne tombe généralement pas du ciel. On ne peut pas l’attendre les bras croisés dans un fauteuil. Il faut se mettre en mouvement !
• « Le changement est une porte qui ne s’ouvre que de l’intérieur »
Cité dans C’est décidé, je suis fabuleuse, Hélène Bonhomme, Éditions Première Partie, 2016, p. 174.
8. Se tourner vers les autres
En circuit fermé dans sa tête, on tourne en rond. C’est en s’ouvrant à la vie et aux autres qu’on s’ouvre au sens de sa propre vie !
• « L’amour […] est cette part de la vie humaine qui la dépasse de l’intérieur. C’est lui qui lui donne son sens. Vous cherchez un sens à votre vie ? Demandez-vous qui et comment il vous est possible d’aimer. Aimer est un élan qui nous porte au-dessus de nous-mêmes et en sûreté. »
Sœur Emmanuelle, religieuse ayant fondé une œuvre de charité au Caire (1908-2008), dans Vivre, à quoi ça sert ? (Flammarion)
9. Accueillir le don de Dieu
Et si Dieu était « un + » pour donner un sens à sa vie et être heureux ? Et si sa venue au cœur d’une existence était l’éclairage tant attendu pou mieux s’orienter et aviver la flamme de l’espérance ?
• « Certains psys parlent de rencontre avec le «Soi» qui est au fondement de notre être. Le croyant exprime les choses d’une autre manière, mais le vécu est le même : « Quelqu’un de plus grand que moi vit en moi, c’est Dieu qui est à l’origine de mon existence. Je peux alors me recevoir de cet Autre et marcher sur un chemin d’unification. »
Cette révélation du sens profond de sa vie n’est pas quelque chose d’intellectuel. C’est une expérience à vivre. Avec à la clef, la joie. La joie d’être relié à son intériorité, à l’Autre en soi, au réel et aux autres. »
Julie Saint Bris, psychologue clinicienne et psychanalyste
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