Quand l’amour humain entre un homme et une femme dit quelque chose de l’amour de Dieu : le Cantique peut se lire comme un chant d’amour entre deux êtres qui s’aiment avec passion. Ils expriment toutes les sensations de l’amour : l’attente, le désir mais aussi la souffrance de la séparation.
Mais le Cantique peut se lire également comme une représentation de l’amour de Dieu pour les êtres humains. Cela explique pourquoi ce texte, à première vue profane, a trouvé sa place dans la Bible.
Sens du livre des Cantiques
Le Cantique des cantiques est d’abord un chant érotique qui peut-être était chanté lors des banquets de mariage, c’est grâce à une lecture allégorique qu’il va trouver sa place dans la Bible hébraïque après un âpre débat au Ier siècle ap. J.-C. Le Cantique des cantiques sera lu lors de la liturgie synagogale pour la fête de la Pâque. Le Cantique des cantiques se présente comme un recueil de pièces poétiques célébrant l’amour :
• l’amour humain : nombre de pièces mettent en scène le dialogue amoureux entre le bien-aimé et sa fiancée. Les chants disent le désir de l’un pour l’autre, célèbrent la beauté des amants. Ils présentent aussi l’amour comme un tourment. L’absence de l’autre se fait cruellement ressentir, et plusieurs pièces montrent l’angoisse de la jeune femme cherchant son amant qui demeure introuvable.
• au delà de l’amour humain : les juifs et les chrétiens y ont vu une célébration de l’amour de Dieu pour son peuple. Sur ce thème se sont greffées de multiples interprétations qui ont vu dans le Cantique aussi bien l’union :
o du Christ et de l’Eglise (Origène),
o du Christ et de Marie (saint Ambroise),
o de l’âme avec Dieu (saint Bernard) ou la Sagesse…
Histoire de la rédaction du livre des Cantiques
Le titre du Cantique, probablement assez tardif, attribue cette collection de chants au roi Salomon. Mais dans les faits, cette attribution à Salomon est invraisemblable. En effet, la langue utilisée dans les textes du Cantique est beaucoup plus tardive.
L’analyse des textes milite pour une rédaction tardive, peut-être vers 350 avant Jésus-Christ. Toutefois, certains poèmes du Cantique peuvent être plus anciens et avoir été composés avant l’Exil.Comme pour Qohélet, l’auteur est issu du milieu lettré de l’aristocratie juive de Jérusalem à l’époque hellénistique.
L’art et le livre des Cantiques : les peintures et sculptures faisant référence au livre des Cantiques
Peintures et sculptures du 8ème au 21ème siècle
La Reine de Saba devant Salomon (1435 – 1437), Retable du miroir du salut – Église Saint Léonard de Bâle
Le Cantique des Cantiques I (1960), Marc Chagall – Musée national du Message biblique (Nice)
La Sulamite (1853), Gustave Moreau – Musée Gustave Moreau (Paris)
Les musiques faisant référence au livre des Cantiques
Dei Amori Cantores, une très belle composition contemporaine de Tanguy Dionis du Séjour
Le Cantique des Cantiques, une création contemporaine qui vaut le détour, du groupe Glorious (composition Thomas et Benjamin Pouzin), interprétée notamment par Natasha St-Pier
Arthur Honegger, Le Cantique des cantiques
D. Milhaud, Cantate nuptiale, 1937
Monteverdi, Le Cantique des cantiques
Palestrina, Le Cantique des cantiques
Purcell, My Beloved Spake
Bach’s Wedding Cantata BWV 202
https://www.youtube.com/watch?v=wnvUOMniaFE&feature=related
https://www.youtube.com/watch?v=owAkE4GLH4w
Alain Bashung et Chloé Mons, Cantique des cantiques, 2002
Nicola Sirkis et Melissa Auf Der Maur, Le grand secret, 2003
Comme dans le Cantique des cantiques, la chanson parle du sentiment amoureux, les deux chants comportent une voix masculine et une voix féminine, ici avec une inversion des rôles.
La littérature et le livre des Cantiques : la littérature relative au livre des Cantiques
Saint Jean de la Croix, Cantique spirituel, XVIe siècle
Le cinéma et le livre des Cantiques : les films faisant référence au livre des Cantiques
Song of Songs, film américain de Rouben Mamoulian, de 1933
Lily (Marlène Dietrich), jeune paysanne allemande, aime lire le Cantique des cantiques. À la mort de son père, elle rencontre à Berlin un sculpteur. Elle devient pour lui une source d’inspiration, et pose pour lui. Leur relation de travail se transforme peu à peu en une histoire d’amour.
Thérèse, film français d’Alain Cavalier, de 1986
Les allusions au Cantique des cantiques sont très présentes dans le film. Les carmélites énoncent souvent à voix haute des passages du Cantique pour exprimer leur amour au Christ Époux. Par exemple Pauline : « Je dors, mais mon cœur veille. J’entends mon bien-aimé qui frappe. » Thérèse, au plus fort de son agonie, murmure : « Je vous en prie, si vous rencontrez mon bien-aimé, dites-lui que je suis malade d’amour. » Plus tard, sa sœur Pauline voyant Thérèse éventer le crucifix placé près de son oreiller, lui dit : « Vous vous êtes remis ensemble ? » Thérèse répond : « Le pauvre, il est un peu seul. »
Le Nom de la Rose, film de Jean-Jacques Annaud, 1986
Le jeune novice Adso de Melk ne trouve pas d’autres mots que ceux du Cantique des cantiques pour décrire la relation sexuelle qu’il a avec une jeune paysanne dans le cellier du monastère : « D’un coup, la jeune fille m’apparut ainsi que la vierge noire mais toute belle dont parle le Cantique ».
https://www.youtube.com/watch?v=XjTEm10hKbs
Plan du livre du Cantique :
Le Cantique est avant tout une collection d’une trentaine de chants, certains se limitant à quelques versets.
Il est possible de diviser le texte en tenant compte de celui qui parle: le bien-aimé, la bien-aimée ou des « récitants » formant une sorte de chœur.
• Prologue
o Titre (1,1)
o La bien-aimée (1,2-4)
• Premier chant
o La bien-aimée (1,5-7) « Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem »
o Récitants (1,8) « Si tu l’ignores, ô la plus belle des femmes »
o Le bien-aimé (1,9-11) « A ma cavale, attelée au char de Pharaon »
o Duo (1,12-2,7) « Tandis que le roi est dans son enclos »
• Deuxième chant
o La bien-aimée (2,8-17) « J’entends mon bien-aimé »
• Troisième chant
o La bien-aimée (3,1-4) « Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché »
o Le bien-aimé (3,5) « Je vous en conjure, filles de Jérusalem »
• Quatrième chant
o Récitants (3,6-11) « Qu’est-ce là qui monte du désert ? »
• Cinquième chant
o Le bien-aimé (4,1-15) « Que tu es belle, ma bien-aimée »
o La bien-aimée et les récitants (4,16-5,1) « Lève-toi, aquilon »
• Sixième chant
o La bien-aimée (5,2-8) « Je dors, mais mon cœur veille »
• Septième chant
o Récitants (5,9) « Qu’a donc ton bien-aimé de plus que les autres ? »
o La bien-aimée (5,10-16) « Mon bien-aimé est frais et vermeil »
o Récitants (6,1) « Où est parti ton bien-aimé ? »
o La bien-aimée (6,2-3) Mon bien-aimé est descendu à son jardin »
• Huitième chant
o Le bien-aimé (6,4-10) « Tu es belle, mon amie, comme Tirça »
• Neuvième chant
o La bien-aimée (6,11-12) « Au jardin des noyers je suis descendue »
o Récitants (7,1) « Reviens, reviens, Sulamite »
o Le bien-aimé (7,1-10) « Ah, vous la regardez, la Sulamite »
o La bien-aimée (7,10-11) « Il va droit à mon bien-aimé »
• Dixième chant
o La bien-aimée (7,12-8,4) « Viens, mon bien-aimé »
• Épilogue
o Récitants (8,5) « Qui est celle-ci qui monte du désert ? »
o La bien-aimée (8,5-7) « Sous le pommier, je t’ai réveillé »
• Additions diverses (8,8-14)