Les Croisades : la prise de Jérusalem

Les Croisades, la prise de Jérusalem

Les Croisades : en France, aujourd’hui encore, le mot est tabou ou très négatif. Le cinéma montre ainsi des croisés incultes, avides, violents et assoiffés de richesses. Tout le contraire de la foi en Jésus-Christ qui nous fait découvrir un Dieu d’amour et de tendresse. Pourtant les choses sont loin d’être aussi simples et ne se sont pas déroulées de manière manichéenne qu’on voudrait nous le faire croire.

Les Croisades, la prise de Jérusalem
Les Croisades, la prise de Jérusalem

Les Croisades fascinent tant par l’ampleur des masses humaines en présence par les conséquences qu’elles ont eu en Occident comment en Orient. Rien ne justifie la guerre « dite sainte » justifiée au nom de Dieu, qu’elle s’appelle Croisades ou Djihad. Bien au contraire, pour les chrétiens, Jésus-Christ a offert sa vie par amour pour tous les hommes.
Mais pour avoir un avis sur la question, encore faut-il savoir de quoi on parle. C’est l’ambition de cet articles de se forger votre opinion loin des sentiers battus.

Cet article est la suite de « Les Croisades : le départ en Terre Sainte ».

 

La longue marche de l’armée des « barons » vers Jérusalem

Les populations civiles qui s’étaient engagées à la suite de Pierre l’Ermite et de Gautier Sans-Avoir furent massacrées. Les barons et les seigneurs qui partaient vers Jérusalem avec leurs troupes savaient que le voyage risquait de ne pas être une partie de plaisir. Ils ne vont pas être déçus !

 

Dès le début, les rapports entre Constantinople et les croisés se détériorent

Rappelons-nous que quatre armées partent pour Jérusalem en se constituant par regroupements régionaux :

  • les Méridionaux autour de Raymond de Saint-Gilles,
  • les Français dont Hugues le Grand, Robert Courteheuse et Robert de Flandre,
  • les Lorrains menés par Godefroy de Bouillon et Baudouin de Boulogne,
  • les Normands d’Italie conduits par Bohémond de Tarente et Tancrède de Hauteville.

Formée de contingents féodaux cheminant isolément, encombrée souvent de non combattants, cette croisade répond mal au désir du pape qui l’aurait voulu unie sous la direction d’un représentant religieux (le légat) et d’un chef laïc. Elle répond encore moins aux vœux d’Alexis Ier Comnène, le dirigeant de Constantinople qui avait appelé à l’aide. Ce dernier va très vite poursuivre un double objectif :

  • se débarrasser au plus vite de ces croisés aux mœurs si arriérées pour les byzantins raffinés qui se vivent comme les successeurs de l’Empire Romain.
  • chercher à prendre la suprématie politique en exigeant un serment d’allégeance de la part des chefs croisé pour rendre à l’empire les terres qu’ils vont conquérir militairement.

Il s’en suivra des frustrations et des ambiguïtés qui auront des conséquences très importantes quelques années plus tard. Si au début les arrivées de troupes se passent bien, rapidement les incidents se multiplient. Les croisés assiègent Nicée qui est rendue en juin 1097 aux Byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à travers l’Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devant Antioche le 20 octobre 1097. Très vite les croisés manifestent des ambitions territoriales pour leur propre compte. Ainsi, Baudouin de Boulogne aide l’arménien Thoros à secouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier.

 

Un siège d’Antioche long et difficile

A cette occasion, les croisés développent un fort ressentiment contre les Byzantins qu’ils accusent de double jeu avec les Turcs. Dans le même temps, les dissensions entre les chefs croisés se multiplient. Ainsi, Bohémond fait promettre aux combattants qu’il prendrait possession de la ville, s’il y entrait en premier et si l’empereur byzantin ne venait pas lui-même en prendre possession. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville.

Le siège d'Antioche
Le siège d’Antioche

Mais très vite, les assiégeants deviennent assiégés par les Turcs et subissent un siège très éprouvant. L’armée de secours parvient à vaincre les Turcs sans l’aide de l’empereur. Les croisés s’estiment déliés de leur serment de leur fidélité et gardent la ville pour eux.

 

Une avancée terrible sur les terres Syriennes

Pendant l’été 1098, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans les régions voisines d’Antioche. De nombreux actes de barbarie ont été perpétrés par des croisés éprouvés et fanatisés. Ce sera le cas lors de la prise de Maara où la population est massacrée malgré la promesse de Bohémond de laisser la vie sauve à ses habitants.
Le plus terrifiant reste ces actes de cannibalisme rapportés par le chroniqueur franc Raoul de Caen : « A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés » ou par un autre chroniqueur franc Albert d’Aix « Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués mais aussi les chiens ! ».
Les populations paralysées par la terreur ne résistent plus et les émirs syriens s’empressent d’envoyer aux envahisseurs des émissaires chargés de présents pour les assurer de leur bonne volonté, leur proposer toute l’aide dont ils auraient besoin.

 

Un Islam divisé

Lorsque les croisades débutent, le Proche-Orient est politiquement divisé :

  • Au Sud, les Fatimides chiites étaient au pouvoir en Égypte et contrôlaient une partie de la Palestine.
  • Le reste du Proche-Orient était sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l’islam sunnite au IXe siècle qui a mis fin à l’empire arabe et d’une manière générale à la suprématie des arabes.

Les divisions au Proche-Orient étaient aussi d’ordre religieux et ethnique :

  • Les Turcs sunnites étaient minoritaires.
  • La population arabe était de confession chiite, ismaélienne ou chrétienne.
  • Les chrétiens étaient eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. En Syrie du Nord, se trouvaient également des Arméniens. Pour ces populations, les croisades étaient des expéditions militaires de secours après l’invasion musulmane, expéditions auxquelles ils prirent part en faisant entrer les croisés dans Antioche, ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem.

L’affaiblissement de l’Islam permit l’essor du commerce par les villes italiennes en Méditerranée. Venise, Bari et Amalfi ont noué des liens avec l’Orient, et, Pise et Gênes ont chassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne. La Méditerranée devient alors presque un lac latin. Les villes italiennes créent des comptoirs de commerce fructueux, qu’elles réussiront à conserver après la fin des croisades.

 

La prise de Jérusalem

L’armée prend la route de Jérusalem en janvier 1099. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevaliers latins qui descendent le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennent Bethléem le 6 juin 1099 et assiègent Jérusalem le lendemain.

 

Siège de Jérusalem
Siège de Jérusalem

 

Les croisés manquent d’eau, de bois, d’armes et ne sont pas assez nombreux pour investir la ville. Une expédition à Samarie et l’arrivée d’une flotte génoise à Jaffa va leur fournir tout ce qui leur manque. Après un assaut de deux jours, la ville est prise le 15 juillet 1099.

 

Prise de Jérusalem par les Croisés
Prise de Jérusalem par les Croisés

 

Une fois les croisés entrés dans la ville, de nombreux habitants furent tués jusqu’au matin suivant. Le bilan humain varie selon les sources : pour les auteurs chrétiens, 10 000 morts, pour les musulmans, de 30 000 à 50 000. Le gouverneur de Jérusalem qui s’était barricadé dans la Tour de David la donnera à Raymond en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes. Ils se rendront à Ascalon avec la population civile musulmane et juive survivante.
Mais une fois Jérusalem prise, un sérieux problème allait survenir. En effet, après avoir accompli leurs dévotions, un certain nombre de pèlerins prirent le chemin du retour. Ils avaient délivré Jérusalem, et donc accompli leur vœu. Qui allait rester pour garantir le libre accès à Jérusalem ? D’autres croisés, peu nombreux, s’apprêtèrent à rester sur place et allaient fonder les États Latins d’Orient. Ces États vont exister et survivre durant près de deux siècles. Commence alors une nouvelle étape qui n’était pas du tout prévue au début des croisades…

Lire la suite « Les Croisades : la Terre Sainte, une nouvelle patrie ».

Pour en savoir plus

  • Histoire des Croisades de Jean-Richard, Ed Fayard.
  • Les hommes de la Croisade de Régine Pernoud, Ed Fayard Tallandier.
  • Les Croisades vues par les arabes de Amin Maalouf, Ed J’ai Lu.

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