Le Nouveau Testament
L’existence historique de Jésus Christ n’est plus sérieusement contestée. Elle est d’ailleurs attestée par des auteurs qui ne sont pas chrétiens (les historiens païens latins Tacite, Suétone et Pline le Jeune parlent du Christ).
Il est né sous le règne du roi Hérode le Grand, probablement 6 ans avant le début de notre calendrier (en raison d’une erreur de calcul de calendrier). Vers les années 27-28, il va débuter sa vie publique par le baptême que va lui donner Jean-Baptiste. Elle durera 2 ou 3 années et s’achèvera par sa crucifixion aux alentours de 30. Après sa mort, ses disciples prétendent avoir trouvé son tombeau vide et annoncèrent sa résurrection.
Jésus-Christ n’a rien écrit lui-même qui nous soit parvenu. La rédaction du Nouveau Testament s’opère en plusieurs étapes.
L’époque des Apôtres
Après la mort du Christ, de l’an 30 à 70, les apôtres organisèrent les communautés naissantes. Les premières sources sont les suivantes :
Sources orales
Durant les premières années, les apôtres procèdent de plusieurs manières. Ainsi, la tradition orale va commencer à se structurer.
L’annonce de la Bonne Nouvelle : les apôtres annoncent leur nouvelle foi en se déplaçant de ville en ville. On dirait aujourd’hui d’eux que ce sont des prêcheurs.
La célébration de Dieu et de Jésus Christ : des chants et des éléments de liturgie (exemple : Baptême, Eucharistie,…) s’élaborent.
L’enseignement aux nouveaux baptisés : les apôtres reprennent pour cela les actes et les paroles du Christ.
Sources écrites
Les traditions orales sont mises par écrit. Sans avoir de certitude sur ce point, les spécialistes pensent qu’avant même la rédaction des Évangiles tels que nous les connaissons, circulaient des recueils des paroles et de la vie de Jésus-Christ.
Assez vite, des catéchèses, écrites en araméen, devaient circuler en Judée et en Galilée. On peut penser également que le récit de la Passion s’est très vite constitué par écrit dans une visée liturgique. Il s’agissait pour la communauté de Jérusalem, et pour des disciples qui montaient à Jérusalem pour la Pâque par exemple, de faire mémoire de la mort de Jésus.
L’Apôtre Saint Paul écrit des lettres aux communautés qu’il a fondées en Asie Mineure, une lettre à la communauté de Rome, plus le billet à Philémon au sujet de son esclave Onésime devenu chrétien. Ce sont des écrits qui réagissent à des situations bien précises et qui seront lus lors de l’assemblée communautaire.
La deuxième génération de chrétiens
La mort des apôtres fait prendre conscience aux chrétiens de la nécessité de mettre en forme leurs enseignements et leurs souvenirs. Cela va conduire à la rédaction des Évangiles et de plusieurs lettres, de 70 à 100 après Jésus Christ. Les textes vont apparaitre selon la chronologie suivante :
L’Évangile de Marc
Le
premier Évangile, celui de Marc (65-70), est probablement rédigé à Rome.
L’Évangile de Matthieu
Israël est vaincu par les Romains. Ils détruisent le Temple de Jérusalem et les Juifs se dispersent dans le monde. Le courant pharisien -qui sont des Juifs attachés à un respect rigoriste de l’Ancien Testament- donne sa forme définitive à la Bible.
En réaction, pour marquer leur identité et affirmer leurs convictions, les chrétiens d’origine juive rédigent
l’Évangile de Matthieu (80 – 90) ainsi que les
lettres de Jacques et de
Jude.
L’Évangile de Luc et les Actes des Apôtres
Les Églises fondées par Saint Paul écrivent à leur tour (80-90). Un chrétien proche de Saint Paul écrit
l’Évangile de Luc et les
Actes des Apôtres (qui racontent la vie des premières communautés). L’Évangile de Luc et les Actes des Apôtres constituent en fait le même texte.
De nombreuses lettres vont être publiées (
Lettre au Colossiens (habitants de la ville de Colosse), aux
Ephésiens (habitants de la ville d’Éphèse)…
L’Évangile de Saint Jean
La communauté johannique sort de son isolement (80-100). Ce groupe de chrétiens marqué par la méditation théologique et se reconnaissant dans la figure du Disciple bien-aimé (qui sera ensuite identifié à Saint Jean) rédige
l’Évangile de Saint Jean et trois lettres (Jean 1, 2 et 3). Dans un contexte de persécutions, un chrétien proche de cette communauté écrit une
Apocalypse.
La troisième génération de chrétiens
Certains textes sont rédigés ultérieurement, de 100 à 120 après Jésus Christ.
C’est notamment le cas de
l’Épître aux Hébreux (vers 100) qui témoigne d’un christianisme détaché du judaïsme, ou encore de la
Seconde Épître de Saint Pierre (vers 120) qui est une réécriture de l’Épitre de Jude.
Quelques dates importantes dans la transmission du Nouveau Testament
La « recension alexandrine »
Rappelons qu’à l’époque ni l’imprimerie, ni Internet n’existait. Les Bibles se traduisaient et se diffusaient grâce à ceux qui les recopiaient. Au fil du temps, certaines copies s’étaient éloignées des textes originaux.
Face aux divergences entre les manuscrits, l’Église décida au IIIe siècle de procéder à une « recension » (comparaison des différents textes avec les manuscrits d’origine). Notons qu’une autre « recension » aura lieu à Antioche (on la nomme la « recension occidentale »).
Les textes qui étaient rédigés en grecs sont traduits en latin, en copte (pour les chrétiens égyptiens) et en syriaque (pour des chrétiens du Moyen Orient).
Les grands manuscrits complets du Nouveau Testament
Une
nouvelle « recension » sera faite à Byzance au Ve siècle. Elle s’impose comme la version commune à toutes les Églises de langue grecque.
Les grands manuscrits datent de cette époque. Ils ont pour nom « Vatinacus », « Sinaïticus », « Alexandrinus », « Codex d’Ephrem », « Codex de Bèze »…
Le Codex
Le Codex est l’ancêtre de nos livres modernes. Il est constitué de pages manuscrites et d’une couverture assemblées grâce à une reliure. Au cours de l’époque romaine, il va remplacer le rouleau de parchemin en instaurant une petite révolution car il permet un accès facile à n’importe quelle partie du texte. Il sera très vite adopté dans la chrétienté afin de se différencier des Juifs qui continuent d’utiliser des rouleaux pour la lecture synagogale et pour l’étude de la Bible.
A partir du 5ème siècle
Du 5ème siècle à la Renaissance, les monastères assurent la copie des textes de la Bible mais aussi des littératures grecque et latine.
De la Renaissance au 16ème siècle, de nombreux manuscrits affluent en Occident après la chute de Constantinople (1453). La division en versets est introduite par l’imprimeur et traducteur français Robert Estienne à la même époque. Les Humanistes, protestants et catholiques, renouent avec le grec et l’hébreu et sont capables de comparer les différentes versions de la Bible.
Depuis le milieu du 19ème siècle, le savant Constantin von Tischendorf fait des recherches pour retrouver des versions anciennes de la Bible. Il découvre une version quasi complète de la Septante dans le monastère Sainte-Catherine du Sinaï. On parlera de la version du « Sinaïtacus ». Sinaiticus, Alexandrinus, Vaticanus et Codex de Bèze servent à former le texte grec du Nouveau Testament qui sera utilisé pour les traductions en langues modernes. Les traductions de l’Ancien Testament sont faites sur le texte hébreu du Codex de Saint-Pétersbourg.
Aujourd’hui, des logiciels informatiques comme BibleWorks ou Accordance permettent à un nombre beaucoup plus grand de personnes d’avoir accès aux textes hébreux et grecs de la Bible. Il faut souligner que les divergences entre les manuscrits ne portent que sur des détails qui n’en changent pas le sens. Nous pouvons ainsi faire confiance aux textes que nous utilisons.