Le livre de Job : pourquoi les justes sont confrontés au Mal et à la souffrance ?

Le Livre de Job se trouve parmi les Écrits (Ketouvim), la troisième partie de la Bible hébraïque, et pour les Chrétiens parmi les livres poétiques et sapientiaux de l’Ancien Testament.

Le livre de Job est souvent présenté comme une explication du mal et de la souffrance. Il n’en est rien : le livre n’explique pas mais il constate que le mal existe (appelé « l’Adversaire »). Même si l’homme est vraiment juste, il ressentira la souffrance comme les autres.

Si l’on met à part l’épouse de Job, (elle fait une apparition au chapitre 2), le livre met en scène cinq personnages sous le regard de Dieu : Job et ses trois amis (Elifaz, Bildad et Sophar) auxquels se joint ensuite un jeune homme (Elihu).

Job est un homme juste, intègre et droit, qui respecte Dieu et fait le bien. Tout lui souriait : une belle et grande famille, de grandes richesses en immeubles et en troupeaux. Pour ne pas risquer de déplaire à Dieu et peut être aussi pour être sûr de conserver tout ce bonheur, Job offrait régulièrement des sacrifices d’expiation.

Un jour, Dieu réunit ses anges et Satan se glisse parmi eux. Sur l’interpellation de Dieu, Satan prétend que la justice de Job n’était due qu’à ses bonnes conditions de vie. Satan lance un défi à Dieu : s’il l’autorisait à lui nuire, Job maudirait bien vite son Créateur ! Dieu relève le défi et remet entre les mains de Satan tous les biens de Job, à condition que Satan ne touche pas à la personne de Job. Aussitôt tous les malheurs s’abattent sur la famille et les biens de Job : mort de tous ses enfants, perte de tous ses biens ! Mais Job continue à faire confiance à Dieu.

Alors, dans une autre réunion des anges, Satan provoque de nouveau Dieu en lui disant : « Étends la main, touche à ses os et à sa chair, je te jure qu’il te maudira en face » (Jb 2, 5). Relevant de nouveau le défi, Dieu, confiant dans son serviteur Job, autorise Satan à altérer la santé de Job, pourvu qu’il lui laisse la vie sauve.

A l’instant même, Satan infligea un ulcère au pauvre Job, « depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête » (Jb 2, 7). Mais à sa femme qui l’exhorte à maudire Dieu, Job répond : « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Jb 2, 10).

Avertis de ces évènements, trois amis de Job, Elifaz, Bildad et Sofar, viennent des confins de l’Arabie et du pays d’Edom, pour le visiter, le plaindre et le consoler. Mais Job est dans un tel état que ses amis ne le reconnaissent pas ! Ils commencent donc par compatir en silence pendant une semaine, à l’issue de laquelle c’est Job qui prend la parole pour maudire le jour qui l’a vu naître.

Commence alors la deuxième partie du livre (ch. 4-31) sous la forme d’un grand dialogue poétique, en trois cycles de discours entre Job et chacun de ses amis, chacun exposant ce qu’il pense de la justice divine. Les arguments des trois amis convergent vers l’idée que si Job souffre, c’est qu’il a péché, défendant ainsi la thèse traditionnelle de l’époque : la rétribution terrestre. Il est impossible que le juste souffre et que la souffrance soit autre chose qu’une punition divine.

Job continue envers et contre tous à soutenir qu’il n’a pas péché, que son expérience douloureuse prouve qu’il existe des injustices et que le monde en est d’ailleurs rempli.

Intervient alors avec colère un quatrième personnage, un jeune homme du nom d’Elihu (ch. 32-37). Jusque là resté sur la réserve par égard pour les trois amis de Job, il ne peut accepter tout ce qu’il vient d’entendre. Il marque d’abord son indignation contre Job qui n’a su se justifier qu’en accusant Dieu et contre ses amis qui n’ont su défendre Dieu qu’en accusant Job.

Enfin, Dieu clôt les débats en deux discours (38-42,6) par lesquels il fait comprendre à Job en même temps son erreur et sa suffisance : « Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens ?… Où étais-tu quand je fondais la terre ? » (Jb 38, 2. 4). Et Job de prendre conscience de la toute-puissance de son Dieu en même temps que de sa condition de créature : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre ». (Jb 42, 5.6).

L’énigme du mal demeure, mais Job est revenu à Dieu. Enfin, en guise de « happy end », Dieu réprimande les trois amis de Job, restaure Job dans tous ses biens, et lui rend fils et filles. « Après cela, Job vécut encore cent quarante ans et il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération » (Jb 42, 16).

 

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Sens du livre de Job

Le livre de Job est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature biblique. Le poète Lamartine prétend qu’en cas de fin du monde, il faut avant tout sauver le poème de Job (« Vies de Job », Pierre Assouline, Gallimard, 2011, p.24). Pourtant, il ne parle ni du Peuple, ni de l’Alliance, ni de Jérusalem. Aucun de ses personnages n’est Israélite. Ils viennent de diverses parties du Proche-Orient ancien, ce qui tend à universaliser le thème abordé par le livre. »]Il ne pose pas et résout encore moins la question de l’existence du Mal et du Malin (Malin étant un autre nom de Satan). Dans ce livre, dès le premier chapitre, «l’Adversaire» (le Satan) s’invite à la réunion des « Fils de Dieu ».

• D’où vient-il ?

• Qui est-il ?

Nul ne le sait, pas plus que dans le récit du serpent qui cause la chute de l’être humain dans le chapitre 3 de la Genèse. Le Mal(in) existe, c’est un fait, et il est extérieur à la fois à Dieu et à l’homme. C’est un constat, ce n’est pas une explication.

Le livre de Job pose plutôt la question du « juste souffrant »: comment se peut-il qu’un homme juste puisse connaître l’infortune et la souffrance ? Quel est donc ce Dieu à qui rien n’échappe et qui pourtant se tait devant la souffrance des innocents ? Job est « un homme intègre et droit, qui craint Dieu et se garde du mal » (Jb 1,8)…et pourtant il souffre ! Par l’action du Satan, et avec la « permission » de Dieu, Job va connaître les plus atroces souffrances. Pourquoi ? Pourquoi Dieu permet-il cela ?
Selon la doctrine de l’époque (probablement le 5ème siècle avant J.C.), l’homme reçoit sur la terre la récompense de ses actions. Donc si quelqu’un souffre, c’est qu’il a péché, et sa souffrance est en proportion de son péché. Dieu ne pourrait pas autoriser la souffrance pour une autre raison que la rétribution.

Ainsi, toute la trame du livre est constituée des confrontations entre Job et ses « amis » contradicteurs (Elifaz, Bildad et Sophar). Job clame son innocence et sa justice, tandis que ses amis le provoquent à rechercher dans son existence ce qui a bien pu lui valoir pareil châtiment.

• Elifaz commence par relever ce qui est pour lui l’évidence: « Où donc a-t-on vu des justes exterminés ?…La misère ne sourd pas de terre, la peine ne germe pas du sol. C’est l’homme qui engendre la peine » (Jb 4,7 et 5, 6-7).

• Le deuxième à s’exprimer est Bildad, plus incisif: « Si tes fils ont péché contre lui (Dieu), il les a puni pour leurs fautes » (Jb 8,4). L’homme est une vermine, le fils d’homme un vermisseau » (cf. Jb 25, 6).

• Et Sophar de poursuivre: « Si Dieu voulait parler…tu saurais que Dieu te demande compte de ta faute. Prétends-tu sonder la profondeur de Dieu ? » (Jb 11, 5-7).

Job reste fidèle envers et contre tout : « Bien loin de vous donner raison, jusqu’à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence » (Jb 27, 5), mais il veut comprendre, pris qu’il est entre sa foi, son innocence et les arguments de ses amis qui veulent le convaincre. Sa plainte, au lieu de se « nombriliser », s’élève bientôt en véhémente protestation. Dieu doit s’expliquer ! « J’ai à parler à Shaddaï, je veux faire à Dieu des remontrances » (Jb13, 3).

Alors intervient Elihu qui, en quatre discours, développe une explication nouvelle : il y a des épreuves qui sont des expiations de fautes non reconnues, et d’autres dont le but est de purifier l’homme, de le rendre meilleur: « Dieu parle d’une façon et puis d’une autre…Par des songes, par des visions nocturnes, il parle à leurs oreilles (celle des hommes)…pour détourner l’homme de ses œuvres et mettre fin à son orgueil » (Jb 33, 14-17).

Certes, nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre Dieu, mais il est trop grand et trop sage pour que nous puissions mettre en doute sa justice. Il convient donc de se soumettre sans comprendre, avec la docilité de la foi. Telle est la nouvelle recommandation.

 

 

Les personnages principaux du livre de Job : Job, les trois amis de Job, Elihu, l’épouse de Job, et l’adversaire

Job, est évidemment le personnage principal : merveilleux de droiture et de fidélité envers le Seigneur. Il est censé vivre à l’époque patriarcale, au pays d’Ouç, au sud-est de la mer Morte. Il n’est pas israélite. Ce n’est pas non plus un prêtre. C’est un homme de la cité, à qui tout sourit jusqu’à ce que « l’Adversaire » s’occupe de lui. Il fait alors preuve d’une très grande sagesse dans sa relation au Seigneur.

Les trois amis de Job (Elifaz, Bildad et Sophar) : là encore, aucun n’est israélite. Ce sont des sages, typiques de l’Orient antique, ce qui accroît l’universalisme de la sagesse développée par le livre :

• Eliphaz, de Teman en Edom, était probablement un descendant d’Esaü. Il faisait partie de ces hommes de l’Orient qui jouissaient d’une grande réputation de sagesse. Son discours, grave et digne, semble justifier cette réputation. Il est conscient de son statut (Jb 15, 7-9), ce qui lui donne une certaine prééminence sur ses deux compagnons.

• Bildad de Shua et Sophar de Naama ne semblent être là que pour permettre à l’auteur de diversifier son discours.

Elihu joue le rôle d’un personnage contradicteur. On sait juste qu’il est « fils de Barakéel le Bouzite, du clan de Ram », et qu’il se permet de contester les discours des «anciens» (Jb 32, 9).

L’épouse de Job n’apparaît que fugitivement (Jb 2, 9ss.) pour figurer la tendance naturelle de l’être humain : « Révolte toi contre l’auteur de tes jours qui a permis que tu connaisses tant de souffrances ».

L’Adversaire : c’est le Mal(in), qui est personnifié, sans qu’on en sache davantage sur son identité ou sa nature. Mais son rôle dans le récit montre qu’il existe, qu’il est extérieur à Dieu et à l’homme et probablement ontologiquement différent des deux : il est capable de s’inviter à la « cour céleste », celle des « Fils de Dieu » convoqués auprès du Seigneur (Jb 1, 6). C’est lui qui est à l’origine du mal et de la souffrance.

 

 

Géographie et livre de Job, pour mieux se repérer

D’une part, il n’est jamais fait référence à Jérusalem ou à la terre d’Israël. D’autre part, Ouç, Teman (Edom), Shua (Moyen Euphrate), Naama (Arabie du Sud) ou le Bouzite (Arabie occidentale) renvoient à des lieux en dehors de la Terre d’Israël. Nous sommes quelque part dans le Proche-Orient ancien.

Notons qu’il existe, dans tout ce Proche-Orient ancien, plusieurs écrits de sagesse proches du livre de Job (La théodicée babylonienne ou Job sumérien, le poème babylonien au Seigneur de la sagesse, l’écrit araméen de La sagesse d’Ahiqar, etc.).

 

Qui est l’auteur du livre de Job ?

Rappelons tout d’abord que le prologue et l’épilogue du livre de Job sont la reprise d’un conte préexistant, peut-être sumérien. On ne connaît pas précisément l’auteur des poèmes qui constituent le corps du livre. Il appartenait certainement au courant sapientiel et connaissait la forme littéraire du dialogue. Il était probablement juif en ce qu’il connaît et maîtrise la culture juive de son époque. En revanche, on ne trouve nulle part dans le livre d’évocation ou de référence aux grands thèmes habituellement abordés dans l’Ecriture : l’élection d’Israël, l’Alliance, le Temple, l’espérance messianique,…

 

Histoire de la rédaction du livre de Job

Outre le prologue et l’épilogue, reprise d’un conte ancien, le livre contient d’abord les discours des trois amis de Job, datés probablement d’après l’exil, vers le 5ème s. av. J.-C. Mais aussi d’autres morceaux semblent être d’auteurs différents dont nous ne savons rien. Ainsi en est-il du monologue d’Elihu (32-37), le quatrième contradicteur de Job, qui n’est pas annoncé dans le prologue, qui anticipe parfois sur le discours ultérieur de Dieu, lequel interrompt Elihu, et ne tient pas compte de ce qu’il a dit. De même, le poème de sagesse du chapitre 28 semble d’une autre composition et n’a pas de lien avec son contexte.

Le livre de Job est une critique de la théologie de la rétribution (les bons sont récompensés de leurs actions bonnes et les méchants sont punis de leurs actions mauvaises en cette vie) que l’on trouve chez les deutéronomistes (de Genèse à 2 Rois) et la sagesse traditionnelle (Proverbes, Siracide, amis de Job). Or, l’auteur du livre de Job a fait l’expérience que cela ne fonctionne pas. Toutefois, nous ne sommes pas encore dans l’apocalyptique. Job n’a pas de vision, il n’y a pas d’ange descendant du ciel pour délivrer une révélation et il n’y a pas la promesse d’un jugement eschatologique et d’une récompense ou d’une punition après la mort.

 

 

L’art et le livre de Job : les peintures et sculptures représentant le livre de Job

 

Job : Léon Bonnat (1880)

A la différence des représentations habituelles, Léon Bonnat choisit une vision solitaire du vieillard nu et dépouillé à même le sol. Les marques de l’âge accentuent la dimension dramatique alors que dans le même temps, la barbe confère encore un reste de dignité. Job n’est pas encore marqué par l’ulcère mais avec les yeux levés et ses bras écartés dans un geste de demande, il donne le sentiment de refuser de maudire Dieu.

 

 

Job en prière : Marc Chagall (1960)

En 1930, le marchand d’art et ami de Chagall, Ambroise Vollard, lui commande une série d’illustrations sur la Bible. Celui qui décrit le texte sacré comme « la plus grande source de poésie de tous les temps », exécute alors une quarantaine de gouaches, avant d’entamer une série d’eaux-fortes qui sont insérées au sein de la Bible de Genève : 105 gravures figurent diverses scènes-clés de l’Ancien Testament. A la main, Chagall les rehausse toutes d’un peu de gouache. Ses sujets de prédilection sont les prophètes, les patriarches, les guerriers et les rois. Ce travail monumental est à l’origine du Message biblique qui propose un cycle décoratif relatant l’histoire biblique, terminé en 1966. Chagall en fait don à l’État français, qui, au grand bonheur de Chagall, l’expose au Louvre avant d’inaugurer en 1973 le Musée national du message biblique à Nice.

 

 

Histoire de Job (1151-1200)
Anonyme toulousain
Musée des Augustins, Toulouse
Provient du Monastère Notre-Dame de la Daurade

Ce chapiteau raconte l’histoire de Job, personnage légendaire de l’Ancien Testament, que Dieu mit à l’épreuve en faisant s’abattre sur lui toute une série de malheurs destinés à ébranler sa foi. Le cycle est découpé en six scènes qui prennent place dans cinq médaillons formés par des lianes. La scène finale est traitée à part sans le cadre qu’offre le médaillon. La scène ci-dessus montre Job après qu’il ait souffert la perte de ses biens et la mort de ses enfants et qu’il ait été atteint de la lèpre. Désormais au comble de l’indigence, il est installé sur un tas de fumier, couché, à demi nu et le corps parcouru d’ulcères, recevant la visite de ses trois amis Elifaz, Bildad et Sophar venus railler son endurance.

 

 

Job raillé par sa femme : Georges de La Tour (1632 – 1635)

La composition du tableau place en symétrie les deux personnages autour de la source de lumière. Le corps massif de la femme domine la silhouette décharnée de Job, laissée pour une part dans l’obscurité. La position de la main de la femme rappelle son exhortation à maudire Dieu. Cependant, les mains jointes et restant ferme dans sa résolution, Job est celui qui ne médit pas sur le Seigneur.

 

 

« Job », Heures d’Etienne Chevalier : Jean Fouquet (1455)

 

 

Job moqué par sa femme : Albrecht Dürer (1503-1504)

 

Satan jetant un ulcère malin sur Job : William Blake (1826)

 

Job : Francis Gruber (1944)

 

 

La musique et le livre de Job : les musiques faisant référence au livre de Job

 

Georg Friedrich Haendel, I know that my Redeemer liveth (Messiah), 1741
La troisième partie du Messie de Handel commence avec Jb 19,25-26 : « I know that my Redeemer liveth, and that He shall stand at the latter day upon the earth : and though worns destroy this bidy, yet in my flesh shall I see God ».

 

 

 

Johannes Brahms, Warum ist das Licht gegeben, Motet op. 74 n°1, 1877
« Siehe, wir preisen selig, die erduldet haben.
Die Geduld Hiob habt ihr gehöret,
und das Ende des Herrn habt ihr gesehen;
denn der Herr ist barmherzig, und ein Erbarmer. »

 

 

Ralph Vaughan Williams, Job : A Masque for Dancing, 1931 (ballet)

 

Stavanger Gospel Choir – Lean on Me

 

 

Un grain de poussière – Jacques Higelin

 

 

Ray Ventura et ses Collégiens, « Tout va très bien madame la marquise », 1935

La succession des catastrophes annoncées par les messagers en Jb 1,14-19 rappelle cette chanson au ton ironiquement optimiste. Peut-être que le début du livre de Job a aussi pour rôle de faire rire.

https://www.youtube.com/watch?v=LEwMIN3nDqM

 

 

Seatrain, « Song of Job », 1970

 

U2, « Ultraviolet (Light My Way) », 1991
Allusion à Jb 29,2-3 : « Oh that I were as in months past, as in the days when God preserved me; When his candle shined upon my head, and when by his light I walked through darkness »

 

 

Joni Mitchell, « The Sire of Sorrow (Job’s Sad Song), 1994

 

Smashing Pumpkins, « Bullet with Butterfly Wings », 1995

Cette chanson des Smashing Pumpkins mentionne les « destructeurs secrets » (secret destroyers) rappelant que Job ne connaît pas la cause de ses souffrances ; les « désirs trahis » (betrayed desires) qui font référence à Dieu qui, d’une certaine façon, a « trahi » Job en confiant sa destinée au satan ; et au « jeu » (the game) qui renvoie à ce pari qui a eu lieu entre Dieu et le satan (Jb 1-2).
Job est « cool and cold » : dans les chapitres 1-2, Job est « cool » dans sa façon d’affronter les désastres et les souffrances personnelles, mais dans les chapitres 4-31 il est « cold » dans les dialogues avec ses amis.
Dans un refrain répété à plusieurs reprises (Despite all my rage I am still just a rat in a cage), Billy Corgan, le leader du groupe des Smashing Pumpkins, exprime sa « rage », mais se sent toujours comme un rat en cage. C’est l’impression que peut avoir Job à l’écoute des discours divins des chapitres 38-42 ; qu’est-ce que l’homme face à la Création ? A la fin, le chanteur dit qu’il ne peut pas être sauvé (And I still believe that I cannot be saved), non seulement Job va retrouver la santé, tous ses biens et avoir de nouveaux enfants, mais il est une figure du Christ Jésus mort et ressuscité en qui tous les hommes sont sauvés du péché et de la mort éternelle. Nous devenons fils dans le Fils contrairement à ce que dit la chanson (Jesus was the only son for you).

 

Far, « Job’s Eyes », 1996

 

Sinead O’Connor, « Watcher of men », 2007

 

 

La littérature et le livre de Job : la littérature relative au livre de Job

La Pacience de Job, mystère anonyme du XVe s

François Villon, Testament, 1461 (poème)
« Mes jours s’en sont allés errant
Comme, dit Job, d’une touaille
Font les filets, quand tisserand
En son poing tient ardente paille » .

Jean-Baptiste Chassignet, Job ou de la fermeté, 1592 (poème)

Isaac de Benserade, Sonnet de Job, 1648 (poème)
« Job de mille tourments atteint
Vous rendra sa douleur connue,
Et raisonnablement il craint
Que vous n’en soyez point émus. »

La querelle des jobelins et des uranistes opposa, dans le milieu littéraire du XVIIe siècle français, les admirateurs du Sonnet de Job de Benserade à ceux qui lui préféraient le Sonnet d’Uranie de Vincent Voiture.

Voltaire, Candide, 1759 (conte philosophique)

Frédéric II de Prusse, lisant Candide de Voltaire, s’écrie : « C’est Job habillé à la moderne ».

Goethe, Faust, une tragédie, 1808
Goethe s’inspire du livre de Job, en particulier du Prologue pour la discussion entre le Seigneur et Méphisthophélès.

Soren Kierkegaard, La reprise (Gjentagelsen), 1843

Carl Gustav Jung, Réponse à Job (Antwort auf Hiob), 1952 (psychologie)

Archibald MacLeish, J.B., 1958 (pièce de théâtre à Broadway)

Robert A. Heinlein, Job : une comédie de justice (Job: A Comedy of Justice, 1987) (roman de science-fiction)

René Girard, La route antique des hommes pervers, Paris, Grasset, 1985 (philosophie)

Gustavo Guttierez, Job. Parler de Dieu à partir de la souffrance de l’innocent, Paris, Cerf, 1987 (théologie de la libération)

François Chirpaz, Job. La force d’espérance, Paris, Cerf, 2001 (philosophie)

Antonio Negri, Job. La force de l’esclave, Paris, Bayard, 2002 (philosophie)

Pierre Assouline, Vies de Job, Paris, Gallimard, 2011 (roman)

Dans le roman Da Vinci Code (2003) de Dan Brown, une tablette est découverte avec gravée sur elle le verset de Jb 38,11 : « Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas au-delà », ce qui indique une impasse dans la chaîne des indices.

 

 

Le cinéma et le livre de Job : les films faisant référence au livre de Job

 

Bien que considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la Bible, le livre de Job n’a pas été une grande source d’inspiration cinématographique directe.

Adam’s Apples (en danois Adams Æbler) est un film danois réalisé par Anders Thomas Jensen sorti en France le 12 juillet 2006 qui tourne autour du thème du livre de Job.

 

 

A Serious Man (ou Un homme sérieux au Québec) est un film américano-britannico-français réalisé par Joel et Ethan Coen sorti en France le 20 janvier 2010. Ce film est une comédie empreinte d’humour noir et particulièrement d’humour juif dans la lignée de leur précédent film, Burn After Reading. Son histoire est fondée sur celle de Job.

 

 

The Tree of Life (ou L’arbre de la vie au Québec) est un film américain réalisé par Terrence Malick sorti en France le 16 mai 2011. Le film commence par citer le livre de Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l’intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu? Qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées? Qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie?» (Jb 38,4-7). La mort d’un frère oblige le protagoniste du film à s’interroger sur le sens et l’origine de la vie.

 

 

Dans le film Mission Impossible (1996), le contact d’Ethan Hunt avec ses commanditaires se fait à partir d’une page de discussion dédiée à Jb 3,14.

 

Cartoons

South Park, « CartmanLand », 6e épisode de la 5e saison, 2001.

La grand-mère d’Eric Cartman est morte et lui lègue un million de dollars. Cartman décide alors d’acheter un parc d’attractions. Kyle est contrarié par cet héritage et sa foi est remise en question. De plus, il souffre d’une hémorroïde tout au long de l’épisode. Lorsqu’il est à l’hôpital, les parents de Kyle lui lisent le livre de Job. Les bons ne sont pas toujours récompensés alors que le hasard va favoriser les gens les plus immoraux comme Cartman.

 

 

 

Pour aller plus loin dans le livre de Job

Le livre de Job est un chef-d’œuvre de la littérature sapientielle biblique.

C’est une composition très structurée : au départ, il devait exister un conte ancien (sumérien ?) qui constitue le prologue (Jb 1-2) et l’épilogue (Jb 42, 7-17), écrits en prose, qui constituent la trame du livre. Le reste est entièrement composé en vers.

Le livre se construit comme suit :

Prologue (1-2)

Monologue de Job: il maudit le jour de sa naissance (3)

Controverses de Job et ses amis
Amis de Job                       Job
1er discours
– Elifaz (4.5)               réplique (6-7)
– Bildad (8)                 réplique (9-10)
— Sophar (11)               réplique (12-14)

2ème discours
– Elifaz (15)                réplique (16-17)
– Bildad (18)               réplique (19)
– Sophar (20)              réplique (21)

3ème discours
– Elifaz (22)                réplique (23-24)
– Bildad (25)               réplique (26-27)
– Sophar (27, 13s.)

Poème sur la Sagesse (28)

Ultime plaidoyer de Job (29-31)

Monologue d’Elihu (32-37)

2 discours de Dieu – Ralliement de Job (38-42,6)

Épilogue (42, 7-17)

 

Comme dans la plupart des livres bibliques, la composition de celui-ci ne s’est pas faite en une fois.

Le corps du livre, les échanges entre Job et ses amis, datent probablement du 5ème siècle avant J.-C., après le retour de l’exil à Babylone.

Mais deux passages sont probablement des ajouts plus tardifs : le poème sur la sagesse du chapitre 28 et le long monologue d’Elihu qui couvre les chapitres 32 à 37. Ces passages sont sans lien avec le contexte immédiat, et en particulier, Elihu n’est annoncé ni dans le prologue qui présente pourtant les trois autres amis, ni mentionné dans l’épilogue où Dieu s’enflamme contre Elifaz et ses deux amis.

A noter que dans toute la Bible, il n‘existe que deux références à Job :

– l’une dans Ezéchiel 14 où Job est pris en exemple de droiture par Noë et Daniel,

– la seconde dans l’épître de Jacques qui évoque et loue la patience de Job.

 

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